Intervention de Jérôme Mousset

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 11h05
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Jérôme Mousset, chef du service Forêt, alimentation et bioéconomie de l'ADEME :

Dans nos scénarios, nous partons de l'hypothèse d'une réduction de 60 % de la consommation d'énergie dans le transport à l'horizon 2050, avec toutes les solutions disponibles : mobilité, télétravail, etc. À partir de là, nous avons fait une évaluation du mix énergétique du transport, orienté progressivement vers trois vecteurs : les biocarburants, l'électricité et le gaz.

Nous avons retenu l'hypothèse de 16 % de biocarburants dans le mix énergétique du transport, ce qui correspond à peu près au niveau de consommation actuel. Nous n'avons donc pas envisagé un scénario d'explosion de l'usage des biocarburants mais plutôt de stabilité, compte tenu de la réduction de la consommation. Nous faisons l'hypothèse d'une évolution de la première vers la deuxième génération de biocarburants à l'horizon de 2050, conformément aux directives européennes, notamment la directive « RED 2 » actuellement en discussion. Toutefois, l'émergence de la deuxième génération n'est pas pour tout de suite. Elle consiste à valoriser des ressources ligneuses en biocarburant sous toutes ses formes. Quelques projets pilotes montrent que la maturité technologique et économique n'apparaîtra pas immédiatement. Il faut poursuivre l'innovation et l'accompagnement des entreprises dans ces solutions.

Un autre point qui nous semble stratégique pour les biocarburants – mais aussi, plus largement pour les autres énergies – est la disponibilité de la ressource en biomasse. Elle est renouvelable mais limitée et doit être utilisée au mieux. Dans nos scénarios, quand on additionne tous les besoins en énergie, on aboutit au doublement de la ressource en biomasses, forestières et agricoles, d'ici à 2050.

Trois points nous paraissent importants.

Premièrement, il faut mieux connaître la ressource disponible à l'échelle des territoires. Nous travaillons avec les organismes forestiers et agricoles pour produire des références en vue d'évaluer les plans d'approvisionnement, avec des situations complètement différentes dans le monde de la forêt et dans le monde agricole.

Le deuxième point concerne l'articulation des usages. Plus les technologies avancent, plus les filières deviennent poreuses. Avec de la biomasse, on peut faire de plus en plus de choses, et toutes les filières s'appuient sur la même ressource. Nous avons donc besoin d'une vision globale sur la ressource disponible, forestière, agricole ou algues, avec l'ensemble des usages, et d'éviter les raisonnements en silo.

Le troisième point concerne la durabilité des filières, donc l'évaluation environnementale de chacune d'entre elles, car les bilans sont différents selon les ressources utilisées. Les bilans énergétiques des carburants sont fiables et bons. Les bilans de gaz à effet de serre sont différents selon les filières et font toujours l'objet de débats scientifiques, notamment eu égard au changement d'affectation des sols. Dans le cadre de la directive « RED 2 », il s'agit d'identifier les carburants à fort risque de changement d'affectation des sols, qui devraient sortir progressivement du mix énergétique.

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