Force est de constater que six mois après la promulgation de la loi EGALIM, l'esprit des états généraux de l'alimentation a complètement disparu. On ne retrouve plus dans les cours de nos fermes l'espoir qui était alors le nôtre, monsieur l'ancien ministre de l'agriculture. Il faut retrouver cet élan, cet esprit-là. Lors des négociations commerciales du début d'année, les distributeurs ont tiré un trait sur leurs engagements. La grande distribution a imaginé de nouveaux dispositifs pour contourner la loi : cartes de fidélité, jeux concours, loteries. En la matière, son imagination n'a pas de limite. Hormis la filière laitière, qui est comme la brindille qui cache la branche qui elle-même cache l'arbre qui cache la forêt, les agriculteurs n'ont pas vu leur situation s'améliorer.
De ces stratagèmes, qui sont les victimes ? C'est simple : tout le monde ! La France entière ! Les agriculteurs, les transformateurs, les consommateurs !
C'est le consommateur, d'abord, à qui, à coups de publicité, on fait penser que bien acheter, c'est acheter peu cher. Monsieur Leclerc, quand on se promène dans vos magasins, on ne voit pas que les produits français sont beaux et bons, on voit juste qu'ils sont toujours moins chers. Vous avez fabriqué trois générations de Français qui pensent que bien acheter, c'est acheter pas cher ! Pour ma part, je crois à autre chose ; je crois que la qualité de l'agriculture française mérite d'être mieux défendue par la grande distribution.