Nous avons donc, je le répète, les meilleurs agriculteurs du monde. Et c'est pour cette raison que nos agriculteurs doivent tirer un revenu de leur métier : comme dit l'adage, toute peine mérite salaire.
Il y eut ensuite la loi Sapin II, puis, plus récemment, les états généraux de l'alimentation. Après la guerre des prix, que nous avons connue pendant des années, nous observons, depuis quelque temps, une guerre de la communication contre le Premier ministre en exercice, contre les ministres chargés de l'agriculture ou de l'agroalimentaire, mais aussi contre le Parlement. Les sénateurs et les députés ne comprendraient rien à rien, notamment lorsqu'ils parlent de relever le seuil de revente à perte.
Il y a quatre ans, en 2015, j'ai commis, avec Annick Le Loch, alors députée du Finistère, un rapport sur les filières de l'élevage. Nous avions alors auditionné les acteurs de différentes filières, notamment les transformateurs, industriels privés et familiaux ou groupes coopératifs. Ils nous susurraient à l'oreille des choses qu'ils n'osaient dire publiquement, car les acteurs de la grande distribution, fédérés dans des centrales d'achats, sont dans cette affaire en situation dominante. Certaines entreprises – pas toutes – , elles, sont en situation de dépendance économique, avec, au bout de la chaîne, les agriculteurs, devenus la variable d'ajustement et réduits à ne toucher comme revenus, quelle que soit la qualité de leur travail, que ce que l'on veut bien leur donner.
À titre personnel, cela m'interpelle. Au directeur d'une grande surface qui, un jour, s'était targué devant moi d'avoir obtenu un nouvel agrandissement de celle-ci, j'avais répondu que, si la chose n'avait tenu qu'à moi, il aurait peut-être obtenu cet agrandissement un jour, mais pas tout de suite. Depuis trop longtemps, je vois augmenter les mètres carrés de la grande distribution en France tout en recevant, dans le même temps, des familles d'agriculteurs en détresse, dont certains se sont donnés la mort car ils n'y arrivaient pas.