Cette proposition de résolution est en réalité un terrible aveu d'échec. En trente ans, dix réformes ont tenté d'encadrer les relations commerciales entre fournisseurs et grande distribution. Au cours des trois dernières années, c'est même une réforme par an qui a été présentée. Pour quels résultats ?
La guerre des prix entre distributeurs est toujours plus intense. Les quatre principales centrales d'achat pèsent à elles seules 90 % du marché et réduisent à néant toute possibilité de négociation commerciale. Les fournisseurs, souvent des PME, sont étranglés par leurs exigences tarifaires. Pour sauvegarder ses marges, la grande distribution tue à petit feu le tissu économique français. Ainsi nos agriculteurs, année après année, s'enfoncent-ils toujours plus dans la misère.
En outre, les grands centres commerciaux situés à la toute proche périphérie des villes détruisent des espaces naturels et des terres agricoles, mais également le petit commerce de centre ville. Dans certaines communes de ma circonscription – je pense notamment à Denain – , une majorité de commerces de proximité ont définitivement baissé le rideau. Certains élus ont d'ailleurs laissé s'installer des grandes surfaces jusque dans l'hyper centre ville, condamnant les petits commerces à une fermeture certaine et immédiate. Or, derrière chaque fermeture de commerce, il y a un drame. Voilà comment la paupérisation de nos centres villes s'installe, réduisant l'offre commerciale à quelques kebabs, coiffeurs non diplômés et établissements bancaires voraces.
Pire : cette guerre commerciale ne bénéficie pas davantage aux consommateurs, qui constatent une progression constante des prix. En un an, les prix des produits alimentaires ont ainsi bondi de 2 %, soit leur plus forte hausse depuis 2012. Cette augmentation atteint 5,2 % pour les produits frais, et même jusqu'à 10 % pour certains produits phares : depuis le 1er février, le prix du Coca-Cola a augmenté de 5 %, celui du Nutella de 8,4 %, celui des Chocapic de 9,9 % – autant de produits populaires, d'ailleurs bien souvent néfastes pour la santé, malheureusement. Ni une nouvelle loi ni une énième commission d'enquête ne permettront de réguler un système de distribution à bout de souffle qui asphyxie fournisseurs et producteurs.
Certains produits font plusieurs fois le tour du monde avant d'atterrir dans nos assiettes : c'est aberrant. Ainsi, le cabillaud que nous consommons est élevé en Norvège, puis fait un détour de 15 000 kilomètres par la Chine pour y être transformé avant d'être réimporté en Europe – tout cela, évidemment, dans l'unique but d'économiser sur la main-d'oeuvre. La raison de cette absurdité est que le prix de la distance n'est pas payé : les navires commerciaux géants sont moins taxés sur le carburant que nos concitoyens.
Cette situation n'est pourtant pas une fatalité : il existe une voie qui préserverait l'excellence de nos produits, de nos savoir-faire, et qui permettrait aux agriculteurs et aux petits fournisseurs de vivre décemment de leur travail. Cette voie, c'est la préférence locale, le localisme, c'est-à-dire le fait de favoriser la production de proximité.
Du fait des traités de libre-échange, que vous avez majoritairement soutenus, nous trouvons dans nos assiettes des aliments produits dans des conditions qui seraient interdites à nos agriculteurs car elles ne respectent pas les normes qui s'appliquent chez nous. Les traités de libre-échange – que j'appelle les traités Nathalie Loiseau – instaurent partout la concurrence du moins disant social, fiscal et environnemental. Tout cela appauvrit nos territoires et ruine nos entreprises.
Voilà pourquoi les députés européens du Rassemblement national se sont fermement opposés au désastreux traité transatlantique et au calamiteux traité CETA – Comprehensive Economic and Trade Agreement – qui l'a prolongé. En 2017, Emmanuel Macron était le premier partisan du traité CETA, catastrophique pour l'emploi, la sécurité alimentaire, la santé publique et la démocratie ; …