Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 26 mars 2019 à 15h00
Pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

On l'a souligné à plusieurs reprises : la guerre des prix persiste entre la grande distribution et les agriculteurs. Ces derniers attendaient beaucoup de la loi EGALIM, censée apporter des solutions concrètes à la crise agricole. Cette loi devait notamment permettre l'augmentation des revenus des agriculteurs et force est de constater que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. C'est pourquoi il faut s'interroger sur les conséquences de cette loi.

Les accords-cadres devaient permettre d'inverser la construction du prix avec un contrat proposé directement par le producteur au distributeur, mais ce n'est pas obligatoire pour certaines filières et la demande de nombreux agriculteurs que l'observatoire de la formation des prix et des marges établisse des indicateurs incontestables des coûts de production n'a pas été entendue. Cette mesure aurait pourtant donné des arguments plus solides aux agriculteurs dans leurs négociations.

De plus, le relèvement du seuil de revente à perte a pour effet d'augmenter les prix, mais sans que le distributeur soit contraint à reverser au producteur le surplus de marge. Si les choses semblent aller dans le bon sens pour la filière du lait, grâce à des négociations satisfaisantes, ce n'est malheureusement pas le cas pour les autres filières où les distributeurs semblent avoir augmenté leurs marges mais pas la rémunération des agriculteurs. Il en va de même de la restriction des promotions : c'est une bonne mesure mais elle n'implique pas une meilleure rémunération du producteur.

La majorité a donc compté à tort sur les vertus de la grande distribution pour mieux répartir les richesses et cela au détriment non seulement de l'agriculteur mais aussi des consommateurs les plus modestes. Parce qu'il faut mettre un terme définitif à l'étranglement de nos agriculteurs, je propose de préciser que la commission d'enquête prévoie un diagnostic attentif des conséquences de la loi EGALIM.

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