Le sujet me tient d'autant plus à coeur que je suis issue d'un territoire fait à 99 % d'eau. Comme le disait un universitaire océanien, professeur émérite : dans le Pacifique, l'océan est en nous : quelque part, il coule dans nos veines.
Il est urgent de se réapproprier cette vérité, en réalité de portée universelle : l'océan, en effet, est en nous, même en dehors du Pacifique. Si l'on se réfère à la théorie de l'évolution, nous venons tous de cette source. De plus, il couvre 70 % de la surface terrestre. Pourtant, nous y faisons n'importe quoi. Notre responsabilité est en la matière collective : ce constat ne vise pas les pêcheurs en particulier, il nous concerne tous en tant que consommateurs. D'ailleurs, à l'instar des chasseurs, les pêcheurs peuvent se montrer précurseurs sur ces questions : ils ont d'autant plus intérêt à préserver l'environnement que celui-ci constitue leur gagne-pain.
Pour notre part, dans la zone économique exclusive de la Polynésie française – qui représente la moitié de la ZEE totale de notre pays – , nous avons opté depuis 1996 pour une pêche durable. La pêche à la senne y est notamment interdite, tout comme la pêche étrangère et les dispositifs de concentration de poissons – DCP – dérivants. Alors que les quotas qui nous sont accordés tournent autour de 14 000 tonnes par an, nous ne pêchons que 6 000 tonnes.
La même réflexion doit être engagée à l'échelle nationale. La France ne se limite pas à l'Hexagone, si magnifique soit-il ; elle n'est pas que continentale : elle est mondiale et surtout maritime.