Intervention de Roxana Maracineanu

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Roxana Maracineanu, ministre des sports :

S'agissant de l'engagement et de l'enthousiasme de la population à l'égard des Jeux olympiques, je relève deux problèmes. D'une part, il s'agit du temps qui nous en sépare : nous sommes encore à cinq ans des Jeux. Le COJO lance progressivement les actions visant à engager les citoyens et les territoires : il ne faut pas allumer la flamme trop tôt pour ne pas qu'elle s'éteigne juste avant les Jeux ! D'autre part, il y a l'éloignement géographique : les Jeux sont affichés comme étant ceux de Paris. Nous parlons quant à nous des Jeux de la France. Il va falloir travailler sur le sujet et mobiliser les territoires. Le COJOP a créé le label « Terre de jeux 2024 », qui va pouvoir se décliner grâce à l'Agence. Dans le cadre des conférences territoriales régionales de l'Agence, un volet sera consacré aux Jeux olympiques ; cela permettra de traiter les projets et les dispositifs liés aux Jeux dans les territoires. Parmi ceux-ci, beaucoup seront liés à l'engagement.

Nous travaillons donc au rapprochement avec les citoyens : le ministère à travers l'Agence et le COJOP au moyen des différents labels qu'il met en place. Le comité a aussi créé un fonds, qui pourra se conjuguer avec les crédits de l'Agence et du ministère, afin de proposer des financements aux associations ou aux collectivités qui s'engageront en faveur des Jeux.

Parallèlement, les centres de préparation olympique – ce qu'on appelait par le passé les « bases arrière » – intéressent beaucoup les territoires : ce sont soit des centres de ressources, d'expertise et de performance sportive (CREPS), soit des installations territoriales, fruit de cofinancements, qui veulent profiter de l'élan donné par les Jeux pour se rénover, revoir leur fonctionnement et figurer dans le catalogue des lieux d'accueil proposés pour les délégations. Je crois savoir que le COJOP a l'intention d'inscrire dans ce catalogue des lieux où se sera organisé l'engagement de la population. Je pense que c'est positif : cela permettra de lier l'équipement et le fonctionnement, et cela garantira l'héritage des Jeux – un héritage de mobilisation des territoires, et pas seulement un héritage matériel.

Pour ce qui est du soutien aux fédérations, sachez qu'il ne diminuera pas, au contraire. Ainsi, celles qui auront plus de besoins du fait de la nécessité de prendre en charge les dépenses de personnel actuellement assumées par l'État verront leur budget augmenter. Comme je l'ai dit, les conventions d'objectifs et de moyens vont changer de forme mais le montant octroyé, lui, ne diminuera pas. Au contraire, les fédérations, si elles mettent en place des projets visant à décliner territorialement leur projet sportif – ce que nous allons les encourager à faire –, notamment des plans de développement, auront la possibilité de recevoir des financements supplémentaires. Elles bénéficieront en outre de financements croisés venant des collectivités et, pourquoi pas, des entreprises. À cet égard, la cellule marketing que développera l'Agence soutiendra plus précisément les plus petites fédérations, qui n'ont pas les moyens de chercher des sponsors mais qui ont une expertise et la possibilité de mettre en place des dispositifs de développement des pratiques dans les territoires. L'Agence aura donc aussi pour rôle de les mettre en relation avec un sponsor ou une entreprise ayant envie de financer tel ou tel dispositif.

S'agissant de la lutte contre la radicalisation, je pense qu'il est trop tôt pour faire un bilan. Les mesures annoncées par le Premier ministre il y a un an, dans le cadre du plan national de prévention de la radicalisation, sont en train d'être mises oeuvre au sein de notre ministère. Nous bénéficions effectivement de l'appui d'un officier de liaison, qui a pris ses fonctions au moment où j'ai pris les miennes, en septembre dernier. Par ailleurs, les actions de prévention ont été renforcées et un réseau de référents a été constitué dans les CREPS, à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), dans nos services déconcentrés et dans les fédérations. Des réunions sont organisées régulièrement pour discuter de ces problématiques dans le domaine du sport. Ensuite, les contrôles du ministère des sports vont être plus axés sur cette thématique. Enfin, nous voulons impliquer beaucoup plus les fédérations. Au-delà de ces actions, il est très important de proposer des activités sportives dans les quartiers – par exemple aux femmes, qui pourraient être les premières sentinelles au sein de familles ayant une culture différente. Cela peut être intéressant de faire se mélanger les populations et ainsi favoriser, grâce au sport, la mixité, non seulement sociale mais aussi culturelle.

En ce qui concerne les emplois aidés, le secteur du sport en avait effectivement tiré un fort bénéfice. Ils ont été remplacés par les parcours emploi compétences (PEC). Nous sommes en train d'étudier avec Mme Pénicaud un ajustement des PEC pour le secteur du sport, car les personnes que l'on peut recruter grâce à ce dispositif ne correspondent pas forcément aux besoins des associations. Nous avons alloué un million d'euros supplémentaire aux groupements d'employeurs pour favoriser, plus généralement, la mutualisation des emplois entre associations. Comme je le disais en détaillant ma feuille de route, nous avons décidé d'établir des liens avec les groupements d'employeurs oeuvrant en faveur de l'insertion et de la qualification. Ainsi, les jeunes pourront être formés par leur employeur puis trouver un emploi dans un groupement d'employeurs classique. Tels sont les dispositifs auxquels nous donnons des moyens pour pallier la disparition des emplois aidés.

L'Agence mettra en place des politiques différenciées selon les territoires. Avec les conférences régionales du sport, il s'agit précisément d'être au plus près des besoins de chaque territoire et d'adapter les politiques et les financements à ces besoins. Bien évidemment, ceux-ci ne sont pas les mêmes dans un territoire rural et dans une grande ville. C'est aussi grâce à cette nouvelle gouvernance et sa déclinaison territoriale que nous parviendrons à une déconcentration différenciée de nos politiques.

Nous avons déjà réuni à deux reprises tous les acteurs socio-sportifs ainsi que des fédérations volontaires. Comme vous l'avez dit, l'APELS et Sport dans la ville sont des associations indépendantes qui ont parfois presque la taille et l'organisation d'une fédération. Nous voulons aussi que les fédérations s'impliquent davantage, car c'est ainsi que nous pourrons promouvoir l'implantation de davantage de clubs sportifs dans les territoires de la politique de la ville. L'idée est de travailler en collaboration avec Muriel Pénicaud et Julien Denormandie afin qu'ils répondent à des appels à projets de manière collective au sein de leur ministère pour leur politique d'inclusion. Ils ont constaté comme nous que ce sont des acteurs valables et que le sport est un vrai moyen de « raccrochage ».

Madame Mette, c'est avec plaisir que nous vous adresserons ce courrier.

Le surf a été retenu pour les Jeux olympiques – sous réserve de la décision définitive du CIO. Il fait partie des quatre sports proposés avec le breakdance, l'escalade et le skateboard. La non-sélection du karaté a suscité beaucoup de déception ; il en va de même pour la pétanque, les échecs et le snooker. Nous veillerons à ne pas nous mobiliser uniquement sur les disciplines olympiques, mais à mettre à l'honneur toutes les disciplines lors des Jeux olympiques, notamment nos sports historiques traditionnels. C'est aussi pour cela que nous voulons rapprocher la fête du sport de la journée olympique. Nous voulons montrer que si cette dernière est une vitrine de certaines disciplines historiques ou choisies pour diverses raisons, toutes les disciplines contribuent à cette grande fête que l'on va accueillir en France.

Pour le surf, la vague artificielle est effectivement à l'étude pour pallier un manque éventuel de vagues. Des bassins avec des vagues artificielles seront construits, notamment en Île-de-France, ce qui permettra de démocratiser cette discipline qui ne sera plus strictement côtière.

Madame Amadou, j'entends votre préoccupation. C'est précisément pour cela que j'ai demandé un « jaune » budgétaire, qui permettra de savoir ce qui est dépensé pour le sport dans les autres domaines de la société. Nous allons recaler la méthode dont vous dites, à juste titre, qu'elle n'est pas efficiente, avec le travail que nous menons avec l'INSEE, pour avoir effectivement un état financier réaliste de notre secteur.

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