Il y a en effet beaucoup de chemin à parcourir et, surtout, beaucoup de travail à mener en matière d'égalité hommes-femmes dans le milieu sportif. Les femmes ne représentent que 17 % du corps des CTS. Et dans une réunion de DTN, elles sont encore moins nombreuses puisque, sur 114 fédérations – mais elles n'ont pas toutes des DTN –, on en compte seulement quatorze. Ce n'est pas de leur fait, les DTN étant souvent choisis par les présidents des fédérations. Après le concours, ils sont proposés par le ministère des sports – je le sais pour être passée par là. Le ministère peut proposer plusieurs personnes, mais au final c'est le président de la fédération qui choisit.
Cette question va de pair avec le travail sur la féminisation des instances dirigeantes des fédérations. Le taux, qui a été fixé à 40 %, est aujourd'hui pratiquement atteint dans les 114 fédérations. Je crois que seize sont encore en retrait, et nous les relançons systématiquement pour qu'elles se mettent à jour s'agissant de la parité au niveau du conseil d'administration et de l'assemblée générale. Mais ce n'est pas pour autant qu'il y a des présidentes. On en compte une seule, en effet, sur les 70 fédérations olympiques : Mme Isabelle Lamour, en escrime. Elles sont plus nombreuses dans les fédérations affinitaires et les fédérations multisports.
L'actuelle vice-présidente de la fédération de cyclisme m'a montré une lettre dans laquelle le ministère expliquait que sa candidature au poste de CTS avait été rejetée au motif que le vélo sur piste ne pouvait pas avoir de CTS femme. Elle datait de 1991, ce qui n'est pas si lointain. Depuis, les choses ont évolué. Une instruction prévoit ainsi que la parité sera respectée au sein de l'Agence, dans chaque collège.
Comme je vous l'ai dit, je suis convaincue que c'est en travaillant sur les organes déconcentrés des fédérations, les comités, les ligues et surtout en promouvant davantage de femmes présidentes d'associations dans les sports olympiques que nous parviendrons à la parité. Des mesures sont à l'étude pour voir comment susciter un plus grand engagement des femmes dans le milieu associatif, à des postes à responsabilité, à des moments clés de leur vie, notamment lorsqu'elles ont des enfants et qu'elles travaillent peut-être à mi-temps ou à temps partiel. Il faut mettre en oeuvre un volontariat indemnisé afin que ces femmes puissent être dirigeantes d'association, percevoir 100 % de leur rémunération, et se dégager le mercredi pour rester avec leurs jeunes enfants. Bien évidemment, cela concernera aussi les hommes, mais cela profitera en priorité aux femmes et à la féminisation du mouvement sportif.
Monsieur Roussel, l'évaluation de nos politiques publiques est le rôle assigné à l'Observatoire de l'économie du sport. Nous travaillons sur l'impact économique des grands événements sportifs internationaux (GESI). Nous sommes en lien permanent avec le ministère des affaires étrangères et nous avons réactivé le comité interministériel du tourisme pour accueillir dans les meilleures conditions possibles les visiteurs étrangers qui viennent assister à de grands événements sportifs, et faire en sorte qu'ils restent plus longtemps en France pour profiter de ses bienfaits, de sa culture et de sa gastronomie. L'objectif affirmé est aussi qu'ils dépensent un peu plus d'argent en restant plus longtemps sur notre territoire.
Les maisons sport-santé et le pass sportif peuvent être regroupés dans une proposition que j'ai faite pour un premier travail de concert au sein de l'Agence. Je souhaite en effet que tous les acteurs réfléchissent à la création d'une licence sociale et aux publics auxquels elle pourrait s'adresser. Vous parliez des personnes en situation d'addiction. Je pense aussi à celles qui sont très sédentaires et qui pourraient bénéficier d'un accompagnement personnalisé pour leur permettre d'aller ensuite vers une pratique régulière. Cette licence sociale serait destinée à certains types de publics bien ciblés.
J'en viens à la reconnaissance des encadrants des associations qui oeuvrent pour l'inclusion. Comme je l'ai dit, un module dédié sera prévu dans la formation continue des éducateurs qui ont déjà un diplôme spécifique en la matière. Par ailleurs, comme je l'ai dit pour les entraîneurs, il faut favoriser la mobilité. On s'aperçoit en effet que les expériences à l'étranger apportent beaucoup. Rien de mieux en effet que de se confronter à ce qui se passe ailleurs pour revenir plus fort.
La réforme des diplômes va ouvrir le champ de l'emploi. Le fait que les fédérations et les branches proposent plus de diplômes, qui permettront de travailler de manière rémunérée, augmentera le nombre d'éducateurs et d'entraîneurs. Nous manquons d'encadrants dans certaines disciplines.
Des associations travaillent d'ores et déjà avec des publics empêchés, c'est-à-dire des jeunes relevant de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou des personnes incarcérées. Nous sommes en train de les répertorier pour voir comment les accompagner au mieux. Elles ont émergé l'année dernière, lors de la fête du sport. Dans certains territoires, plusieurs d'entre elles se sont mises en avant par leur action concrète auprès de ces publics. Nous avons la volonté, avec Mme Christelle Dubos et M. Adrien Taquet, en lien avec leur politique de lutte contre la pauvreté et de protection de l'enfance, d'activer nos acteurs de terrain qui travaillent eux aussi avec ces publics.
Vous avez indiqué que la Coupe du monde féminine de football serait retransmise sur une chaîne de télévision en clair. J'espère que cela créera un grand élan en faveur du sport au féminin en France. Nous avons déjà réfléchi à la manière de procéder lorsqu'un afflux de petites filles arrivera dans les clubs de football. Quatre anciennes footballeuses sont vice-présidentes de l'organisation de cette coupe du monde, même si ce sont deux hommes, dont M Noël Le Graët, qui sont à sa tête. Elles ont engagé une vraie réflexion pour modifier la représentation de certains sports genrés. Comme il n'y aura, sans doute pas assez de places dans les clubs ni les conditions adéquates pour accueillir partout toutes ces petites filles, nous avons décidé de monter des projets en commun avec les autres sports collectifs – volley-ball, handball et basket-ball féminins – de manière à répartir cet afflux de public auprès des autres collectifs et de travailler ensemble. Comme vous l'avez dit, cette problématique touche les autres sports, notamment ceux qui sont à dominante masculine.
Vous avez évoqué également la question du financement hors norme dont bénéficie le football par rapport aux autres sports : c'est une spécificité de cette discipline, et non nécessairement des hommes qui font le football. La place est prise par les hommes, mais elle aurait peut-être pu l'être par les femmes… On ne peut pas non plus se battre contre un sport qui existe dans le moindre quartier, partout dans le monde, qui engendre un tel engouement de la part du public et de tels sponsors. Mais sur le fond, je suis d'accord avec vous pour dire que le gâteau pourrait être mieux partagé avec les autres sports, au moins entre les sports collectifs, et au sein d'un même sport entre les filles et les garçons.