Il y aurait, d'un côté, le retraité d'Antibes, dont les droits acquis au terme d'une vie de travail et de cotisation peuvent être revus à la baisse au motif qu'il est un peu plus riche que les autres, et, de l'autre, tous les autres retraités, pour lesquels vous n'avez encore rien fait, mais qui bénéficieraient d'une sanctuarisation si vous décidiez un jour de réindexer leurs pensions – ce qui, apparemment, n'est pas pour tout de suite. Vous pourriez en effet, profitant de ce texte, aller au bout de votre raisonnement et décider de réindexer dès maintenant les pensions de retraite et les allocations pour certains retraités. Mais vous ne le faites pas, vous contentant d'évoquer cette hypothèse et de procéder à l'annulation de la hausse de certains prélèvements.
Sur le plan intellectuel, votre logique me semble un peu perverse. Quand il est question de préserver les droits acquis, ce principe devrait bénéficier à chacun sans distinction de revenus, puisqu'il repose sur l'idée que les personnes concernées ont acquis une créance sur le reste de la Nation. Mettez-vous un moment à la place des retraités qui ont participé à l'effort national et que l'on décide aujourd'hui d'affaiblir, au motif qu'ils paraissent trop bien portants !
Enfin, quand vous dites que cette mesure ne s'adresse pas aux classes moyennes, j'ai l'impression que vous avez dû éviter les ronds-points ces derniers mois : sinon, vous y auriez remarqué la présence de nombreux retraités des classes populaires et des classes moyennes, pour lesquels la réindexation des pensions constitue la principale revendication… Reprocher à l'opposition de proposer une mesure qui ne vise pas les classes moyennes n'est donc absolument pas justifié. Certes, on trouve des retraités dans les classes supérieures, mais ce n'est qu'un effet de bord, et la disposition concerne au premier chef les retraités des classes populaires et moyennes.