Sans doute ai-je quatre fois moins de légitimité que notre collègue Dominique David à m'exprimer sur le sujet, puisque j'ai quatre fois moins d'enfants… Cela ne fait cependant que débuter. À chacun son rythme de production !
Pour revenir au sujet qui nous occupe, je trouve qu'on mélange tout et que le vrai sujet est d'abord celui de l'égalité. À revenu égal, le fait de fonder une famille va-t-il provoquer une baisse du revenu ? Je considère qu'on doit inciter les gens à ce que ce choix reste neutre pour eux.
Ensuite, j'entends parler de « vêtements de marque ». Mais on oublie que les tarifs qui sont appliqués à ceux qui ont des moyens sont supérieurs à ceux dont bénéficient les autres. Ainsi, le mois à la crèche coûtera une centaine d'euros lorsqu'on n'est pas imposable contre 600 ou 700 euros pour la famille dont les revenus sont plus confortables. Et si vous faites garder votre enfant par une assistante maternelle, cela vous reviendra à 1 000 euros ou 1 500 euros par mois !
Il est proposé à l'article 4 de déplafonner le quotient – soit de passer de 1 550 euros à environ 2 100 euros. L'avantage fiscal passerait ainsi de 125 à 175 euros par mois. Or je rappelle pour ceux qui se sont éloignés il y a longtemps de la vie de jeunes parents, que le paquet de couches est à 15 euros. Il ne s'agit donc pas de subitement s'habiller chez Louis Vuitton !
Enfin, je rappelle qu'il y a là un enjeu public. Notre natalité est en berne : 12 000 naissances de moins en 2018. C'est la quatrième année de baisse consécutive et, comme par hasard, elle coïncide avec le moment où le Gouvernement a choisi une politique nataliste bien moins favorable.
Dans le même temps, nous connaissons un vieillissement de la population et une baisse de la fécondité. Nous sommes en effet passés de 2 enfants par femme en 2014 à 1,88 en 2017. En 2050, un habitant sur trois aura plus de 60 ans ; ils seront deux fois plus nombreux qu'en 2005. Tous les débats que nous avons eus sur la situation des retraités et sur le financement de la dépendance montrent que nous avons besoin que les Français aient des enfants. Sinon nous assisterons à des débats encore plus hystériques sur l'immigration. Car, à un moment donné, comment financerez-vous les retraites ?
Arrêtez donc de misérabiliser le sujet de la natalité ! Il concerne tous les Français.