Pour une fois, je rejoins M. Fabien Matras : nous avons conclu des accords avec les sociétés concessionnaires des autoroutes extrêmement avantageux, bétonnés juridiquement, et du coup créé un État dans l'État. Après quatre ou cinq ans, l'emprunt que ces sociétés avaient contracté pour acheter ces concessions a été remboursé, elles sont désormais assises sur une rente et s'abritent derrière ces contrats pour exciper différents arguments. La majorité précédente avait tenté de rectifier le tir, elle s'était cassé les dents, je ne vous jette donc pas la pierre.
J'observe néanmoins que pendant la crise des gilets jaunes, la gratuité s'est installée parfois et nous sommes arrivés à faire reculer les sociétés d'autoroutes lorsqu'elles ont eu la très bonne idée de prétendre qu'elles allaient rattraper le montant perdu. C'est la preuve que lorsque la pression est suffisamment importante, elles comprennent vite où est leur intérêt.
Je rappelle par ailleurs que vous êtes en train de négocier la privatisation d'Aéroport de Paris (ADP), que nous avons combattue, dossier dans lequel certains concessionnaires d'autoroutes sont quémandeurs. Peut-être qu'en plus du rapport demandé par Éric Ciotti, qui serait un excellent signal pour montrer que nous ne rigolons pas sur la question de la gratuité, nous pourrions ouvrir un débat sur l'avenir de ces concessions : faudrait-il en raccourcir la durée si les sociétés concessionnaires ne comprennent pas que pour un motif d'intérêt général, elles devraient gagner un petit peu moins ? Ce sacrifice ne remettrait pourtant nullement en cause leur équilibre financier, et montrerait qu'il n'y a pas un État dans l'État en France.