J'ai beaucoup étudié ces sujets et je suis très favorable à l'UPM. C'est un motif de satisfaction que de voir la relance faite par le ministre des affaires étrangères. Je le dis d'autant mieux que je vais être très critique sur le passé car l'UPM a eu un problème de moyens. Les projets sont formidables, intéressants. Il s'agit souvent de rencontres très fructueuses en paroles dont les conséquences pratiques sont beaucoup plus faibles.
En réalité, la situation juridique et financière de l'UPM n'est pas stable. Dès le départ, la communauté européenne a freiné des quatre fers face à l'éventualité d'en faire un organisme responsable qui lui soit associé. Je tiens à le dire de manière très nette et mes collègues trouveront mon intervention tout à fait naturelle : l'Allemagne porte des responsabilités considérables dans ce domaine. Lorsque Nicolas Sarkozy a lancé l'UPM, Mme Merkel a été sa plus farouche opposante. Les Allemands n'acceptaient pas que l'UPM puisse bénéficier de fonds européens, c'est-à-dire de moyens qu'ils considéraient comme leur appartenant.
Votre prédécesseur, M. Fathallah Sijilmassi, que je connais très bien, avait un statut très ambigu et ses moyens étaient très réduits. Pendant toute la durée de son mandat, la Communauté européenne n'a d'ailleurs eu de cesse que de serrer les boulons de manière à ce qu'il n'y ait pas trop de dépenses, que cela n'aille pas trop loin. L'UPM a été entravée, non pas parce que sa finalité, essentielle pour l'avenir de notre continent, était contestée mais parce qu'elle manquait de moyens.
Il n'est pas possible de continuer comme ça. La relance actuelle me semble s'effectuer d'une façon plus opérationnelle : le format « 5+5 », c'est beaucoup mieux que la foule qui se trouvait dans l'UPM avec toutes les divisions possibles et imaginables. De quels moyens le futur cadre « 5+5 » sera-t-il doté ? Comment et par qui seront financées les diverses opérations ? Les pistes que vous avez évoquées me paraissent très intéressantes mais nous ne savons pas vraiment qui va financer. J'ai l'impression que l'Europe va encore se faire tirer l'oreille pour débourser quelque chose. Il y en a assez de voir l'Europe dominée par le continent, marquée par une espèce d'exaspération continentale, comme si la Méditerranée n'était pas l'Europe. La Méditerranée, c'est l'Europe. La Méditerranée occupe une position stratégique extraordinaire. Avec l'explosion de l'Afrique, il est nécessaire de retrouver des contacts et surtout des moyens financiers. Je voudrais que vous nous donniez quelques explications sur ce point.