J'ai entendu des propos qui ne reflètent pas exactement ce qu'a été le débat à l'origine du processus de Barcelone. Il se trouve que j'étais conseiller à la représentation permanente de la France à Bruxelles, responsable du dossier euroméditerranéen entre 1993 et 1995 et que j'ai suivi ce dossier pour le compte de la présidence française. Il s'agit en fait d'un objet politique franco-espagnol, initié par Felipe González et François Mitterrand, dont l'objet était de contrebalancer la focalisation des financements européens à l'Est, lors de l'élargissement. Il avait aussi pour but de redynamiser l'aspect régional – sans grand succès toutefois à Barcelone – et l'aspect bilatéral, entre l'Europe et chacun de ces pays, à travers des accords d'association. Ces derniers ont produit leurs effets en matière commerciale et financière. Le bilan n'est donc pas aussi négatif que l'on peut le croire, même si l'aspect régional demeure la portion congrue.
Le format « 5+5 » paraît assez pertinent, car les conflits interétatiques sont moindres. Pour autant, il existe des risques de déstabilisation interne forts, dus à la radicalisation. De ce point de vue, quelle peut être la contribution de l'UPM sur les enjeux migratoires, dans lesquels les pays du « 5+5 » sont très impliqués ?
Après les printemps arabes, dont on observe encore la queue de la comète, et alors que s'imposent les réseaux sociaux et les nouvelles formes de communication, que peut apporter l'UPM pour que ces enjeux démocratiques, qui impliquent la jeunesse, soient des facteurs de mobilisation et de débat positif au sein du « 5+5 » – en dépit du fait qu'il est très difficile, dans une démarche intergouvernementale, d'aborder de telles situations ?
Enfin, j'ai l'impression que l'on manque plus de projets que de financements. On constate ainsi que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement trouve difficilement des projets finançables. Avez-vous cette même perception ?