Je n'entrerai pas dans le débat marseillo-marseillais, mais soulignerai simplement que j'ai poussé le scrupule jusqu'à me casser le poignet il y a quelques mois sur les quais de la gare Saint Charles et de me faire opérer sur place, à l'hôpital européen !
Plus sérieusement, en tant que délégué interministériel à la Méditerranée, j'ai pris l'initiative de réunir tous les trois mois les fonctionnaires des administrations centrales parisiennes qui s'occupent de sujets en lien avec la Méditerranée, dont une fois en septembre à Marseille. Nous allons le refaire au mois de mai. J'ose à peine le dire, mais, pour certains, c'était la première fois qu'ils voyaient le vieux port…
Vous avez dit que l'UPM était une bonne idée. Cela demeure une bonne idée du fait de son pouvoir fédérateur : c'est le seul lieu où des gens qui, ailleurs, ne se parlent pas, entrent en relation et dialoguent. Si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer !
En octobre, nous avons adopté une réforme du mécanisme de labellisation des projets, similaire à celui du Conseil des États de la mer Baltique. La réforme n'est pas celle que nous, Français, aurions souhaitée – nous voulions mieux lier labellisation et financement des projets – mais elle va dans le bon sens.
Vous évoquez l'histoire : je pense sincèrement que les torts sont partagés. En 2007-2008, la France a agi un peu « à la française » – d'aucuns diraient « à la hussarde »... À l'époque, rappelez-vous, nous voulions créer une Union méditerranéenne, dont certains espéraient qu'elle se substituerait à l'Union européenne. Ce n'était donc pas forcément la meilleure manière d'avancer ; nous sommes donc partiellement responsables de la situation…
Contrairement à ce que certains se plaisent à répéter, je ne pense pas que la République fédérale d'Allemagne (RFA) veuille bloquer ou saboter l'UPM. Je citerai mon homologue allemand : « la RFA est de plus en plus européenne, l'Europe est de plus en plus méditerranéenne, donc la RFA est de plus en plus méditerranéenne ». Ce n'est pas une posture, d'autant que les pays d'Europe centrale et du nord sont présents à diverses réunions. Ce n'était pas intuitif ; pourtant, nous avançons. Ce ne sont pas les conflits géopolitiques qui nous empêchent de progresser, mais les réticences de certains, y compris à Bruxelles, sur les conditions de création de l'Union et son fonctionnement.
Concernant le Sommet des Deux Rives, le secrétaire général l'a dit, je le répète : le format « 5+5 » ne signe pas l'échec du format à quarante-trois. Il est simplement bien antérieur à celui-ci ! Nous ne l'avons pas inventé parce que nous aurions constaté que le format plus large ne fonctionnait pas. Ce format restreint recouvre la Méditerranée occidentale, il fonctionne bien – même s'il a ses propres problèmes – et il n'est pas contesté. C'est donc simplement un groupe « leader ».
Vous nous avez interrogés sur les financements. Certaines des idées que j'ai évoquées – comme celle de réduire la pollution des bateaux – ne requièrent aucun financement car nous ne faisons qu'adopter des positions communes dans les diverses organisations internationales.
Lorsque des financements sont nécessaires, je vous rappelle que la Banque mondiale, la BEI, la BERD et l'Union européenne sont observateurs de l'UPM. Nous disposons ainsi d'un ensemble de solutions de financements, sans tirer uniquement sur les financements européens.