Intervention de Clémentine Autain

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Sur cet accord, un consensus serait possible, mais le problème est qu'il touche à la marge le problème qui est le nôtre d'une économie totalement financiarisée, avec un pouvoir politique, c'est-à-dire du peuple, quasiment nul. Ce que je souhaiterais, c'est que nous n'ayons pas une procédure simplifiée dans l'urgence mais un débat en séance. Et il y aura un débat à l'occasion des élections européennes, car les traités actuels figent dans le marbre la possibilité de faire tout et n'importe quoi. Il nous faut des règlementations et un accord à l'échelle européenne qui nous permettent de contrer véritablement les paradis fiscaux, y compris ceux qui sont à l'intérieur de l'Union et qui nous permettent de traquer le trading à haute fréquence, si on ne peut pas aller chercher dans les filiales de filiales de filiales, car les grands groupes se sont réorganisés afin de pouvoir jouer avec la vie des gens. Ce monde financier a des conséquences concrètes sur la vie des entreprises. Peut-être certains d'entre vous ont-ils vu ce film magnifique « La loi du profit », qui est effrayant parce qu'il montre comment des personnes qui ne voient pas les conséquences concrètes pour les entreprises qui sont sacrifiées, jouent, ferment et détruisent des vies humaines, des industries, et des territoires.

C'est cette logique qui m'inquiète profondément. Quand on lit le rapport, on voit qu'il s'agit d'une agence qui va conseiller, décourager, demander un peu plus de transparence. Mais cela ne fait absolument pas règle, norme, contrainte pour lutter contre ce fléau qui est un fléau international, mais pour lequel il me semble qu'à une échelle européenne, il faut se doter de moyens qui contraignent, et pas simplement qui encouragent ceux qui s'en mettent plein les poches et qui font que des vies se trouvent brisées et que la qualité de vie et le partage de richesse ne sont que de vains mots dans ce monde de dingues.

Je termine simplement sur un point qui n'a pas été soulevé. Les marchés financiers brisent la possibilité du partage de richesse et de la logique de service public, mais sur le plan environnemental, – et cela a été une question forte du week-end –je peux vous dire qu'il ne peut y avoir de prise en considération sérieuse du défi climatique si on ne s'attaque pas à cette logique financière. Tout ce qui va avec cette logique est totalement contradictoire avec les objectifs que nous nous fixons dans les accords internationaux, et contradictoire avec un objectif vital pour l'écosystème et donc pour la vie humaine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.