Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Chers collègues, je remercie le ministre de l'Europe et des affaires étrangères d'être présent aujourd'hui comme chaque mois pour cette audition ouverte à la presse.

Permettez-moi tout d'abord d'exprimer notre solidarité avec la Nouvelle-Zélande qui a été touchée le 15 mars dernier par un attentat terroriste particulièrement meurtrier. Cet attentat nous rappelle que nous devons accorder une attention de tous les instants à la lutte contre les extrémismes.

Deux pays ont été ces derniers temps sous les feux de l'actualité internationale : l'Algérie et le Venezuela.

L'Algérie vit un moment essentiel de son histoire. Le président Bouteflika a annoncé le 11 mars dernier à la fois l'annulation de la prochaine élection présidentielle prévue le 18 avril et sa décision de ne pas briguer un cinquième mandat, ainsi qu'une feuille de route pour une transition politique. Il a également nommé un nouveau gouvernement. Ces décisions n'ont cependant pas mis fin à la mobilisation populaire qui demeure massive et pacifique, comme l'a encore illustré la journée de vendredi dernier. Nous souhaiterions bien sûr connaître votre sentiment sur le processus en cours et les perspectives.

Au Venezuela, l'évolution de la situation sociale et économique apparaît très préoccupante, aggravée par une panne de courant massive, qui se prolonge dans certaines régions. La population est en grande difficulté, et la situation politique instable. Tout cela illustre l'extrême fragilité du pays dont on a le sentiment qu'il pourrait à tout moment basculer. La France a reconnu Juan Guaidó comme président par intérim pour organiser des élections présidentielles. Voyez-vous une sortie de crise à court terme ?

Sur le Brexit, vous avez affirmé que seules deux solutions étaient possibles : la ratification de l'accord de retrait ou une sortie sans accord, toute renégociation étant exclue. Vous avez rappelé qu'une extension de la période de négociation jusqu'au 30 juin, comme le demande Theresa May aux Vingt-Sept, qui devront se prononcer lors du Conseil européen de demain, ne saurait être acceptée que si elle a pour objectif de finaliser la ratification de l'accord. Vous avez précisé que Theresa May devrait apporter des garanties suffisantes. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Concernant le Proche et Moyen Orient, nous avons eu l'occasion lors de notre récent déplacement, le week-end dernier, en Tunisie de rencontrer notre ambassadrice en Libye. Elle a évoqué avec nous la rencontre, le 27 février dernier, du Premier ministre Sarraj et du maréchal Haftar, à Abou Dhabi, qui leur aurait permis de s'entendre – je le dis au conditionnel car tout, dans ce pays, peut se faire et se défaire – sur de grands principes en vue d'un futur accord. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Au Yémen, la mise en oeuvre du processus de Stockholm est aujourd'hui systématiquement reportée par les parties. En témoignent la poursuite des violations du cessez-le-feu à Hodeïda et les difficultés à mettre en oeuvre les opérations de retrait. Il n'y a pourtant, nous le savons tous, pas d'autre possibilité que la poursuite de ce processus. Il est donc urgent de faire pression sur l'ensemble des parties pour progresser concrètement dans la mise en oeuvre des accords de Stockholm. Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite semblent désireux de trouver une issue à cette guerre qu'ils savent, à notre avis, ne pas pouvoir gagner. Il faut en profiter pour accentuer les pressions. La situation humaine est catastrophique avec 24 millions de Yéménites, soit 80 % de la population, qui ont besoin d'une aide humanitaire, parmi lesquels 10 millions sont considérés au bord de la famine.

Vous revenez, monsieur le ministre, d'un voyage dans la Corne de l'Afrique avec le Président de la République. Vous le savez, notre commission s'est rendue à Djibouti et en Éthiopie en mai 2018. Elle a depuis lors complété cette mission en se rendant le mois dernier en Érythrée. Nous avons plaidé, en ce qui concerne Djibouti, pour un renforcement de notre présence militaire, économique et culturelle. En Éthiopie, nous sommes très favorables au soutien des réformes courageuses entreprises par le Premier ministre, qui doit faire face à des tensions renouvelées entre les régions et une situation économique difficiles. Nous souhaitons que la France accentue ses efforts en faveur de la stabilisation de la Corne de l'Afrique et de l'apurement des différents contentieux qui subsistent. Vous nous en direz davantage sur les suites de la visite présidentielle.

Enfin, je voudrais rappeler que nous fêtons aujourd'hui 20 mars la Journée de la francophonie. Notre commission y est très attachée. La francophonie constitue un outil incomparable de diffusion de notre langue et des valeurs humanistes qui sont les nôtres. Je souhaite donc une bonne fête à cette francophonie.

Monsieur le ministre, je vous cède la parole, avant un temps d'échange, comme d'habitude.

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