Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères :

En ce qui concerne l'Algérie, madame Le Peih et monsieur Joncour, j'ai dit dans mon propos introductif ce que je voulais dire. Je ne ferai pas de commentaires supplémentaires.

Par ailleurs, je reviendrai tout à l'heure sur la question du Sommet des deux rives.

S'agissant du Venezuela, pays sur lequel j'ai également été interrogé par d'autres intervenants, nous avons adopté une position extrêmement claire en ce qui concerne les déclarations relatives à une intervention militaire potentielle des autorités américaines. Je constate avec intérêt, comme je l'ai dit tout à l'heure, que le groupe de Lima a condamné cette hypothèse. Il faut condamner, en effet, le recours à la violence et à l'action militaire : ce serait catastrophique et donc nous nous y opposons.

Nous faisons partie du groupe de contact de l'Union européenne qui vise à favoriser les liens entre les parties en vue d'aboutir à un processus électoral – je réponds ainsi à M. David. Nous avons reconnu M. Guaidó comme ayant la responsabilité d'organiser les élections parce que l'Assemblée nationale, dont il est l'émanation et le président, a été reconnue comme dûment élue, dans des conditions normales sur le plan des élections et de la transparence, tandis que personne n'a reconnu la réélection du président Maduro. Nous pensons qu'il faut de nouvelles élections au Venezuela, qui soient préparées avec des garanties crédibles. Nous sommes tout à fait prêts à y contribuer. Nous avons envoyé des missions d'experts sur les questions électorales, dans le cadre de l'Union européenne et du groupe de contact.

Je précise également, même si M. David le sait bien, que l'aide humanitaire ne peut pas entrer au Venezuela. Si l'on veut faire des comparaisons avec un pays qui se trouve de l'autre côté de la Méditerranée, il faut rappeler que les manifestations sont réprimées au Venezuela alors qu'il va y avoir une élection présidentielle en Algérie. Il y a une différence de situation. Par ailleurs, vous connaissez les relations historiques que nous avons avec l'Algérie. C'est ce qui m'a amené à faire la déclaration que vous avez entendue tout à l'heure.

J'en viens à la question de M. Deflesselles sur la diplomatie écologique. Il y a effectivement une urgence en 2019, avec le sommet du Chili qu'il faut préparer. Je n'ai pas la même vision que vous, même si je ne vous ai pas senti trop pessimiste sur les résultats de la COP de Katowice : on a pu aboutir au résultat qui était prévu – on devait faire adopter les textes d'application de l'accord de Paris. C'est chose faite, et il y a donc un progrès. Mais il est vrai qu'il y a une urgence : tous les rapports, en particulier celui du GIEC, montrent qu'il faut agir rapidement pour faire en sorte que la transition soit rapide et profonde. Nous devons mobiliser les partenaires prêts à agir avec nous de manière offensive sur le climat, dont la Chine fait partie, avec d'autres pays tels que le Kenya.

Notre action diplomatique vise à mobiliser l'ensemble des partenaires qui veulent bien être un peu à l'avant-garde sur ce sujet, afin d'aboutir à un bon résultat lors de la COP 25. Cela passera par une mobilisation financière – ce n'est pas à vous que j'apprendrai l'existence de l'objectif de 100 milliards de dollars, dont les 10 milliards du Fonds vert. Ces derniers ont été mobilisés, et il va falloir les reconstituer maintenant. Les 100 milliards sont encore, en grande partie, à l'ordre du jour. C'est dans cet esprit que des initiatives ont été prises dans le cadre du One Planet Summit – il y en a eu trois, dont la dernière, adoptée au Kenya, a été très positive. Le Secrétaire général des Nations unies nous a demandé de préparer le sommet qui va se tenir dans le cadre de l'Assemblée générale, à New York, au mois de septembre. Nous avons la responsabilité de mobiliser les financements dans cette perspective. C'est notre priorité, et le soutien que nous avons est un élément très important.

Le Sommet des deux rives, monsieur Joncour, se tiendra à Marseille au mois de juin prochain. Le constat est que la Méditerranée occidentale est un espace de coopération pertinent. L'idée est de construire autour des cinq pays de la rive Nord et des cinq pays de la rive Sud une dynamique de coopération inclusive en s'appuyant sur les initiatives et les organisations existantes. C'est le moyen de dépasser, en dialoguant d'une rive à l'autre, les blocages qui peuvent exister entre pays européens et pays maghrébins. En ce qui concerne le contenu, nous avons des défis devant nous en matière d'énergie, de jeunesse, d'éducation, de culture et de développement durable. C'est sur ces défis que nous voulons nous mobiliser. La méthode, et c'est ce qui changera, consiste à travailler non seulement avec les Gouvernements mais aussi avec les sociétés civiles. Nous avons établi un calendrier pour faire en sorte qu'elles soient mobilisées. Une étape préalable importante aura lieu à Tunis au début du mois de juin, avant le Sommet des deux rives : nous allons réunir 100 représentants de la société civile des « 5 + 5 », afin que ce sommet soit vraiment inclusif et porteur d'un avenir, d'un projet dépassant la représentation des chefs d'État et de Gouvernement. J'ai été frappé en rencontrant le président Essebsi, avant-hier, par l'intérêt porté par la Tunisie à cet enjeu.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.