Quant à nous, nous savons qu'il faut rompre avec l'organisation sociale et économique actuelle. Nous sommes, monsieur le ministre, sur une autre rive que la vôtre. Nous luttons pour une tout autre écologie, l'écologie des gens, l'écologie populaire et massive, qui terrasse à la fois l'exploitation sociale et la destruction de nos milieux de vie. L'écologie que nous défendons ne part pas de l'idée que tous les êtres humains seraient d'accord pour garantir nos conditions d'existence future.
Nous savons que certains préfèrent tout faire pour conserver leurs intérêts et leurs placements à court terme, plutôt que de les sacrifier à la nécessité historique de préserver le genre humain. Certains sont prêts à abandonner leurs convictions, s'ils en ont jamais eu, pour un ministère, d'autres à accumuler des richesses sans fin, même s'ils savent que tout cela compromet notre avenir. Voilà le mal de notre époque.
Les gilets jaunes, que vous conspuez tant, l'ont bien compris. La majorité sociale de notre pays sait que si nous sommes tous dans le même bateau, une minorité s'est accaparé les canots de sauvetage.
Ce n'est pas pour rien que l'écologie populaire que nous espérons mettre en oeuvre intègre pleinement la question sociale. En la matière, nous savons déjà depuis deux siècles que les puissants n'ont cédé qu'à la force des pressions sociales et politiques du peuple, qu'ils n'ont jamais éprouvé la moindre considération morale pour les morts dans les mines ou, aujourd'hui, pour ceux qui bousillent leurs corps dans des boulots précaires, pour ceux qui tombent malades de pesticides ou de l'air qu'ils respirent.
C'est la même logique d'airain qui brise les corps et détruit la nature. Vous prétendez l'adoucir : non seulement vous y échouez, mais vos petites manoeuvres ont le mauvais goût de tenter de légitimer l'ordre existant.
Pour construire la sécurité sociale, grande oeuvre française de socialisation des profits, il a fallu que les puissants soient couverts de honte par leur collaboration avec l'ennemi.