À quoi bon ce grand débat, monsieur le ministre d'État, puisqu'il ne sera conclu par aucun vote ? Vous ne retiendrez pas un mot de ce que nous vous dirons, et vous caricaturerez nos positions. Mais soit, débattons.
En matière climatique, nous en sommes arrivés au point où la pérennité de la vie humaine sur terre est menacée, rien de moins. C'est donc à ce niveau que nos débats devraient se situer. Or, quand je vous écoute, je m'inquiète. Nous sommes face à un défi tragique, mais un défi ô combien plus enthousiasmant que celui de la compétition généralisée !
Parce que l'humanité est au pied du mur, presque toutes les formations politiques se revendiquent de l'écologie : certaines le font de manière incantatoire en en reprenant le nom ; d'autres, inconséquentes, soutiennent qu'il est possible de mener une politique ambitieuse en ce domaine dans le cadre des traités européens actuels ; d'autres encore, à l'instar de La République en marche, réussissent l'exploit, au prix de basses manoeuvres politiciennes, de réunir tout et son contraire sur une même liste électorale. L'écologie politique s'en trouve bien malmenée.
Vous savez, monsieur le ministre d'État, qu'il ne nous reste que douze ans pour changer de modèle économique, sans quoi la catastrophe climatique sera totale. Pourquoi pérenniser un modèle obsolète ? Vous savez que la planification écologique exige des investissements considérables. Pourquoi défendre la règle absurde des 3 % de déficit, qui nous empêche de les réaliser ?
Vous savez aussi que le glyphosate rend malade, tue, et que l'on sait comment développer une agriculture sans pesticides. Pourquoi en refuser l'interdiction dans la loi ? Voudriez-vous en boire un petit verre, monsieur le ministre d'État ? Vous savez que les traités de libre-échange, du type CETA – Comprehensive economic and trade agreement – avec le Canada, écrasent littéralement les engagements pourtant peu ambitieux de la COP21. Pourquoi les valider malgré tout ?
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre d'État, en matière climatique, la liste est longue de vos inconséquences et de vos duplicités. Je m'efforcerai donc de les résumer en une seule et même question, qu'après vous avoir écouté j'ai très envie de vous poser : combien de temps comptez-vous encore nous faire perdre face à la catastrophe qui s'avance ?