Intervention de Gérald Darmanin

Séance en hémicycle du mardi 2 avril 2019 à 21h45
Débat sur la fiscalité et les dépenses publiques

Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics :

Madame la députée, nous pourrions discuter à l'envi de ce que veulent effectivement nos concitoyens : nous essayons tous de répondre à leurs aspirations lorsque nous présentons notre candidature à des élections et lorsque nous essayons de gouverner notre pays.

Un bon impôt est malheureusement souvent un impôt que paie l'autre, et que je ne paie pas moi ! Or un bon impôt, madame la députée, n'est pas celui qui répond seulement à une exigence de justice ou qui traduit une idéologie fiscale : c'est un impôt efficace pour l'exercice de la solidarité et le fonctionnement des services publics, mais c'est un impôt qui permet également à chacun de trouver un emploi.

C'est pour cette raison que nous n'avons pas d'idéologie fiscale en matière d'impôt sur le capital. L'ISF a existé pendant des années, madame la députée : pour autant, le chômage a-t-il baissé ? A-t-on fait revenir en France des gens susceptibles d'y créer des entreprises industrielles ?

J'ai été pour ma part élu d'une commune frontalière où le taux de chômage était de 20 % : de l'autre côté de la frontière, en Belgique, il est de 4 %. Il est vrai que la fiscalité du capital a pu, là où il existe encore une industrie textile, aider les ouvriers à conserver leur travail et les capitaines d'industrie à continuer d'investir.

Il n'y a pas, me semble-t-il, à guider la fiscalité par idéologie ou désir de justice fiscale dans un monde sans frontières où chacun pourrait vivre selon ses envies.

Vous affirmez par ailleurs, madame la députée, que les Français ne demandent pas moins d'impôt. Ce n'est pas tout à fait ce que nous avons entendu : je le répète, la révolte – j'utilise le terme entre guillemets – des gilets jaunes a eu comme point de départ un alourdissement de la fiscalité, pas une baisse des dépenses. Bien sûr, lorsque l'on souhaite baisser la dépense publique en matière de logement ou de travail, ou encore réformer la SNCF, et demain l'assurance-chômage et la fonction publique, cela crée un certain nombre de difficultés. Des gens ne sont pas contents ; des manifestations sont organisées ; des grèves peuvent avoir lieu, et il faut entendre tout cela.

La France n'a cependant pas été bloquée du fait de réformes exigeant des efforts, alors qu'elle l'a manifestement été du fait d'un alourdissement de la fiscalité. Permettez-moi de vous donner mon opinion personnelle : s'il y a eu plus d'impôt, c'est parce que l'on avait précédemment un peu trop cédé à la facilité.

La demande des Français, comme sans doute celle d'une partie des parlementaires, était qu'effectivement nous nous montrions plus courageux : c'est ce que nous essayons de faire.

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