Nous touchons en réalité à la fin d'un modèle économique, social et environnemental inventé au XXe siècle, à l'époque où l'Occident comptait les États-Unis, le Canada et une dizaine de pays européens, c'est-à-dire à peu près 500 millions d'habitants. Ce modèle, nous l'avons mondialisé après 1990 et la chute de l'empire soviétique. Étendu aujourd'hui à l'ensemble de la planète, il ne fonctionne plus. Il crée des dysfonctionnements majeurs de trois types.
Il crée, d'abord, une déconnexion complète entre l'économie financière et l'économie réelle, de sorte que, in fine, c'est l'économie réelle qui paie pour les déficiences de l'économie financière. Il crée également des dysfonctionnements en aggravant les inégalités de revenus : les 1 % les plus riches captent 80 % de la richesse mondiale. Il crée, enfin, des dysfonctionnements au niveau environnemental, par l'épuisement des ressources, mais aussi par les dérèglements du climat.
Nous sommes bien à la croisée des chemins, à la fin d'un cycle. Il faut aujourd'hui réinventer un modèle économique, social et environnemental. Les outils de la démocratie et de la citoyenneté doivent aider à le coproduire, avec le Gouvernement, avec la représentation nationale, mais aussi, évidemment, avec les citoyens.
Ce n'est qu'à ce prix que nous parviendrons à sortir de la crise que nous connaissons, et des violences qui secouent notre pays. Ce n'est qu'à ce prix que nous parviendrons à réconcilier la création de richesse économique, la justice sociale et la responsabilité environnementale. Ce n'est qu'à ce prix que nous arriverons à réconcilier le monde rural avec la dynamique des métropoles. Ce n'est qu'à ce prix que nous arriverons également à léguer, demain, à nos enfants un héritage dont nous n'aurons pas honte, et un modèle de développement durable qui préservera les ressources pour les générations futures.
Ce n'est qu'à ce prix, enfin, que nous éviterons demain une révolution bien plus grave que celle que nous vivons aujourd'hui, et des violences qui pourraient, si les mesures nécessaires ne sont pas prises, être d'une ampleur inouïe, et difficiles à arrêter.
Ce débat est une chance pour notre pays. Longtemps, la France a été capable, dans les crises, d'inventer de nouveaux modèles, qui ont ensuite inspiré le monde. Nous sommes au rendez-vous de l'histoire, sachons être à la hauteur de notre tâche !