De débat, de démocratie, il n'en est rien. Il s'agit plutôt ici d'une grossière et coûteuse opération de communication préélectorale pour tenter d'étouffer les revendications d'un mouvement social historique, populaire et majoritairement soutenu dans ses revendications, qui, depuis plus de quatre mois, révèle au grand jour, au niveau national comme international, le visage inégalitaire, austéritaire et réactionnaire de votre politique.
Vous nous invitez à parler sans conséquence : qu'adviendra-t-il à la fin des mots échangés dans l'hémicycle et dans les réunions comme des contributions récoltées ? Nul ne le sait. Un débat sans prise de décision, ce n'est pas la démocratie ; une prise de décision sans réel débat, ce n'est pas la démocratie. La délibération, c'est-à-dire l'ensemble des processus d'information, de discussion, d'écoute et de prise de parole précédant la prise de décision, laquelle doit être démocratiquement et majoritairement sanctionnée, est essentielle en démocratie. Cela ne peut pas se résumer à un monologue jupitérien qui sature les ondes pendant des heures, accapare la parole, censure certaines expressions – « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit », « Il ne faut pas dire que [le chlordécone] est cancérigène » – et se transforme en un festival de lieux communs et marques de mépris – « Les vraies réformes vont avec les contraintes, les enfants : c'est pas open bar ! »
Sur le fond et dans les faits, vous instrumentalisez l'idée de démocratie contre la justice, pourtant réclamée à cor et à cri, et l'idée de justice contre celle de la démocratie.