Le mouvement des gilets jaunes, auquel votre grand débat tente tardivement d'apporter une réponse, n'est pas venu de nulle part, ni de la nuit des temps. Plusieurs parlementaires avaient appelé l'attention du Gouvernement dès les mois de septembre et d'octobre 2018. Pour ma part, j'avais eu l'occasion de poser deux questions d'actualité en ce mois d'octobre pour interpeller le Gouvernement sur les problèmes de pouvoir d'achat et sur les entorses à la séparation des pouvoirs liées à certaines pratiques du Président de la République. Dans les deux cas, j'évoquais l'exaspération grandissante de nos concitoyens.
Pour tenter de juguler cette colère, vous avez donc lancé ce grand débat. Celui-ci a occupé une part significative de l'espace médiatique pendant de longues semaines, sans effets notables néanmoins sur la mobilisation légitime des gilets jaunes et sur le soutien de la moitié des Français. Et pour cause ! D'emblée, la commission du débat public a exprimé ses doutes sur l'impartialité du processus. D'emblée, des sujets majeurs ont été écartés de la discussion par le Président de la République.
Si l'on ajoute à cela le profil sociologique des contributeurs, très peu représentatif de la diversité de la société française, on aboutit à un débat biaisé, orienté, partiel et partial. L'utilité de ce grand débat est donc toute relative. Finalement, le seul intérêt évident du processus résidait peut-être pour le Président de République et le parti La République en Marche dans le gain de temps et le financement par les contribuables d'une précampagne électorale organisée par les préfets.