Je remercie tout d'abord Mme la ministre pour sa réponse, argumentée, sérieuse, et qui engage le débat, ce qui est important. Pour ce qui me concerne, dans cet exercice de questions-réponses, je ne suis pas certain de devoir interroger le Gouvernement. C'est plutôt à nous-mêmes, réunis en Assemblée nationale, que j'aurais envie de poser une question, pour rétablir la logique des choses, puisque le Gouvernement est mis en cause dans ses choix depuis plusieurs mois et que c'est de l'Assemblée nationale qu'il tient sa légitimité.
Je m'interroge d'ailleurs sur ce grand débat, madame la ministre : à quoi sert-il ? Qu'allez-vous en faire ? Pendant celui-ci, vous avez continué à déployer votre politique ici. Nous avons présenté nos propositions, qui ont été largement ignorées. Quant aux projets qui s'annoncent, sur les retraites, sur la fonction publique, ils sont tous du même tonneau.
Je me demande donc s'il ne s'agit pas, en fait, soit de légitimer des choix déjà faits à travers le prisme qui vous intéresse, soit de relégitimer une réforme constitutionnelle enlisée. Ce serait quand même un sacré contresens.
Alors, si une question devait absolument être posée, j'en avais préparé une sur la démocratie locale et la nécessité que prochainement, la métropolisation technocratique soit enfin mise en cause dans les Bouches-du-Rhône, afin de laisser place à des institutions plus démocratiques, plus coopératives, plus efficaces. Mais je vous interrogerai finalement sur la démocratie sociale, qui mériterait d'être revivifiée. J'avais souligné dans mon propos cet enjeu central.
Comme vous l'avez souligné à votre façon, madame la ministre, revivifier la démocratie est une alchimie complexe. Développer les pouvoirs citoyens partout, dans la gestion et le contrôle, nous semble être une nécessité. Or les dispositions que vous avez prises conduisent plutôt à une étatisation de la sécurité sociale ou à border les tribunaux de prud'hommes. Les grands textes sociaux, dont celui relatif à un prétendu renforcement du dialogue social, ont été votés contre l'avis des organisations de salariés.
Dans cet ordre libéral, où la voix des grands propriétaires domine, où les forces de l'argent exercent un pouvoir considérable, comment, demain, pourrons-nous parler d'une république sociale ?