Intervention de Damien Abad

Séance en hémicycle du mercredi 3 avril 2019 à 21h30
Débat sur l'organisation de l'État et des services publics

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDamien Abad :

devra sortir du temps des discours et des ambiguïtés pour entrer dans celui de la décision et de l'action. Il n'est plus temps de palabrer mais d'agir : agir pour répondre aux attentes de cette France des milieux de cordée que le pouvoir en place essore chaque jour davantage, pour cette France des classes moyennes qui n'ont jamais droit à rien et paient toujours tout, pour cette France des retraités qui sont les premières victimes de la politique fiscale, pour cette France silencieuse à la colère grandissante, pour cette France des territoires si méprisée et si souvent oubliée.

C'est précisément autour de cette France des territoires et des fractures qui la traversent que je voudrais concentrer mon propos, car elles sont le symbole de ce pouvoir désincarné, à la haute administration toute-puissante.

La fracture territoriale est la mère de toutes les fractures. En quarante ans, les différences de richesses entre les régions françaises se sont accrues de 28 %. Le constat est sans appel : si les fractures sont profondes et structurelles, les déséquilibres territoriaux s'accélèrent depuis 2017.

D'ailleurs, face au besoin de mobilité dans les territoires enclavés, la seule réponse du Gouvernement fut de limiter la vitesse à 80 kilomètres par heure, d'augmenter le prix de l'essence et de faire de nos petites lignes TER les grandes oubliées de la réforme de la SNCF. De même, pourquoi 1 % des Français, soit 650 000 personnes n'ont-elles toujours pas accès à la téléphonie mobile ?

Peut-on encore accepter que seuls 45 % des foyers soient couverts par le haut débit dans les zones rurales en France, contre 71 % dans les zones rurales d'autres pays européens ?

S'il est une fracture numérique, il est aussi une fracture médicale, car la plupart des espaces ruraux se trouvent désormais au-delà du seuil de sécurité de quarante-cinq minutes de distance de leur hôpital de proximité.

On attendait un remède de cheval pour soigner une crise hospitalière sans précédent, et on se retrouve avec quelques anxiolytiques prescrits pour apaiser la douleur d'un milieu hospitalier sous respiration artificielle.

Fracture sociale sous l'effet conjugué de l'augmentation de la CSG et de la désindexation des retraites, qui ont conduit à une précarisation encore plus importante de nos territoires, en particulier des communes isolées où la part des personnes âgées est deux fois importante qu'à Paris.

Fracture scolaire, car plus de 20 % des élèves de CM2 ne maîtrisent pas la langue française et ne savent ni lire ni écrire correctement.

Malgré cela, le Gouvernement a choisi de fermer plus de 1 000 classes dans les zones rurales. Sacrifier nos écoles en milieu rural, c'est sacrifier l'avenir de nos enfants et briser la promesse républicaine de l'ascenseur social.

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