Intervention de Sylvie Tolmont

Séance en hémicycle du mercredi 3 avril 2019 à 21h30
Débat sur l'organisation de l'État et des services publics

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Le manque de transports, comme l'a montré la Cour des comptes le 20 mars dernier, accentue le sentiment d'abandon des habitants des zones rurales. Nous savons pourtant que la hausse de la taxe carbone, non assortie de solutions alternatives pour les ruraux dans la nécessité d'utiliser leur véhicule, a été l'élément déclencheur de la crise actuelle. Nos amendements au projet de loi de finances et notre budget alternatif permettaient de concilier la préservation du pouvoir d'achat des Français, leur mobilité et l'impératif de transition énergétique : ils ont été repoussés.

Enfin, l'accès aux soins reste la principale inquiétude exprimée par nos concitoyens. Or, notre proposition de loi contre la désertification médicale, qui visait à assurer une meilleure répartition des médecins sur le territoire par le biais d'un conventionnement sélectif à l'assurance maladie, a été dépecée. Je note également la totale contradiction entre les grandes déclarations d'intentions entourant l'annonce de la loi sur le grand âge et l'autonomie et l'exemple terrible de l'annonce de la fermeture d'un EHPAD dans ma circonscription, nouveau pied de nez fait à ce territoire périphérique déjà victime de la fermeture d'autres services publics.

Répétons-le avec force : la fermeture d'un service public déstabilise un territoire, altère son attractivité et concourt à sa relégation. Priver un territoire de services publics, c'est le condamner à mort. C'est pourquoi notre groupe continuera d'être force de propositions et soumettra prochainement un nouveau pacte législatif traduisant les principales propositions de dix-neuf organisations dans le cadre du grand débat.

Face à cette difficulté d'accessibilité des services publics sur nos territoires ruraux, la seule proposition du Gouvernement concerne le développement des services sur internet, au détriment de la présence d'un service public de proximité, vecteur de sociabilité. Le Défenseur des droits, dans son rapport de janvier dernier, ne s'y est d'ailleurs pas trompé : rejetant une approche strictement budgétaire et comptable, ce dernier vous alerte sur les dangers de la dématérialisation, pour ne pas dire la déshumanisation des services publics, sans réelle prise en compte des spécificités des territoires et susceptible d'aggraver les situations d'exclusion déjà observables. Et pourtant, malgré le consensus qui se dégage pour sauver, voire améliorer le service public, le Gouvernement entend à l'inverse l'affaiblir en réduisant ses moyens humains et financiers, après les avoir suffisamment dégradés pour que ses usagers en perçoivent une image altérée.

Ainsi, le projet de réforme de la fonction publique s'inscrit dans cette logique de suppression de 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, une logique que vous vous étiez engagé à combattre du temps où vous étiez encore socialiste, monsieur le secrétaire d'État Dussopt !

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