Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du mercredi 3 avril 2019 à 21h30
Débat sur l'organisation de l'État et des services publics

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Grand débat ou grande illusion ? On est en droit de s'interroger, messieurs les ministres, messieurs les secrétaires d'État. Pendant que les Français débattaient, le Gouvernement et sa majorité poursuivaient leur petite entreprise, sans jamais changer de cap ni se remettre en question.

Réforme de la justice, réforme de la santé, loi PACTE et autres privatisations : autant de projets qui méritaient d'être suspendus, dès lors que l'on prétendait laisser au peuple le soin de s'exprimer !

Vous comprendrez aisément que l'on se pose des questions sur la sincérité de votre démarche. Que reste-il du grand débat national ? Des miettes de brioche pour celles et ceux qui veulent du pain ! La grande illusion, sans doute !

Ma question porte sur la réorganisation des services de l'État en Guyane, annoncée par le Président de la République le 26 octobre 2017 et présentée il y a peu par M. le Premier ministre. L'incompréhension règne, sur le fond comme sur la forme.

En effet, le chef de l'État a promis de renforcer l'ingénierie territoriale des services et leur capacité à mieux accompagner les collectivités locales. On espérait donc un véritable mouvement de déconcentration, visant à donner plus d'intelligence partagée aux services déconcentrés. Or il n'en est absolument rien.

Sur la forme, cette réorganisation intervient sans que les parlementaires de Guyane – dont le rôle est aussi de contrôler l'action du Gouvernement et d'évaluer les politiques publiques – n'aient été consultés, et les élus locaux pas davantage.

Or, par ce biais, vous engagez l'avenir du territoire. Il s'agit de réviser les capacités de l'État à répondre aux exigences d'efficience qui s'imposent, et qui nous ont cruellement fait défaut jusqu'à présent.

Plus grave encore, le calendrier retenu intrigue. En effet, l'accord de Guyane signé le 21 avril 2017 prévoit que les Guyanais seront consultés à court terme au sujet d'une possible évolution statutaire du territoire.

Or un « projet Guyane » est en cours d'élaboration localement. Ne fallait-il pas attendre qu'il aboutisse, afin de bâtir ensemble les fondations d'une nouvelle organisation des institutions locales et étatiques en Guyane ?

Ma question est claire : peut-on cesser de mettre la charrue avant les boeufs, afin de démontrer la véritable motivation de l'État à accompagner la Guyane vers l'excellence ?

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