Intervention de Dominique Gillot

Réunion du mardi 19 mars 2019 à 18h35
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Dominique Gillot, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) :

Je veux insister sur le fait que plusieurs métiers sont indispensables dans le cadre de l'accompagnement des enfants en situation de handicap. Mme Cabouat les a brossés d'une manière générique mais je pense nécessaire de dresser l'inventaire des métiers d'accompagnement indispensables : les métiers relevant du médico-social, mais aussi ceux de l'Éducation nationale.

Au titre du médico-social, je pense aux psychomotriciens, aux psychologues, aux orthophonistes. Au titre de l'Éducation nationale, lorsque le régime de l'accompagnement évoluera, à la rentrée 2019, il conviendra de veiller à la présence d'AESH sensibilisés et formés à l'accompagnement, sans pour autant qu'ils prennent la place des enseignants. Mme Cabouat a cité l'exemple des élèves sourds. L'AESH ne donnera pas de cours de langue des signes si l'enfant est en instruction bilingue – langue des signes et apprentissage du français –, mais il est souhaitable que l'AESH qui accompagne un enfant sourd maîtrise le premier niveau de la langue des signes. Des formations existent et peuvent être mises en oeuvre dans le cadre du projet d'éducation du jeune sourd. La loi de 2005 prévoyait le pôle académique pour l'accompagnement à la scolarisation des jeunes sourds (PASS). En 2017 ou 2018, une circulaire a transformé les PASS en pôles d'enseignement des jeunes sourds (PEJS). Il devait y en avoir un dans chaque académie, mais il y en a seulement deux qui fonctionnent bien, tandis que d'autres n'existent que sur le papier.

Il convient donc de dresser un inventaire des métiers de l'accompagnement, afin de proposer une offre aux familles qui pourront ainsi choisir correctement l'établissement qui scolarisera leur enfant.

Le métier de l'éducation à la locomotion, par exemple, est indispensable pour qu'un élève aveugle devienne autonome. Le nombre des personnes formées est insuffisant, d'où la nécessité de former des éducateurs à la locomotion pour que l'élève aveugle ou malvoyant puisse découvrir lui-même l'autonomie de déplacement, acquérir son autonomie de mobilité et se préparer à une vie future autonome.

Les métiers d'accompagnement de la vie scolaire de cette nature nécessitent de la précision. Or que constate-t-on aujourd'hui ? Nous-mêmes, quand nous voulons aller vite, nous nous exprimons un peu globalement, notre expression peut prêter à confusion, faussant la compréhension de nos interlocuteurs et, pour finir, on ne parle pas de la même chose. C'est ainsi que des parents se retrouvent en grande difficulté, et des enseignants en situation d'échec, parce qu'ils ne sont pas sensibilisés, n'ont pas été formés, ne connaissent pas l'accès à la plateforme ressource qui leur permettrait de compléter leur pédagogie. L'équipe éducative n'inclut pas les accompagnants scolaires.

Il est donc nécessaire, me semble-t-il, que vous dressiez une sorte de catalogue de tout ce qui manque, comprenant les références des formations nécessaires de niveaux V, IV, III, ainsi que les BTS, afin que l'on puisse disposer, dans trois ou quatre ans, d'un panel de professionnels facilitant la scolarité et la réussite des enfants avec handicap, tant il est vrai que l'objectif est la réussite de ces enfants à l'école, peut-être en un temps plus long, en leur autorisant l'échec, le recommencement, grâce à une pédagogie de l'accompagnement qui leur donne l'estime d'eux-mêmes et l'ambition de leur réussite.

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