Lutter contre l'instrumentalisation et la manipulation de notre plateforme est un enjeu majeur puisque, au-delà même du sujet qui nous intéresse aujourd'hui, c'est un moyen de lutter contre les fausses informations – je crois, du reste, que ces deux sujets sont intimement liés. Chez Twitter, nous avons introduit des mesures très concrètes pour lutter contre la manipulation de notre propre plateforme, et donc de l'opinion.
La première consiste à mieux contrôler l'utilisation des spams et des bots, ces outils qui visent à inonder notre plateforme de messages, en ciblant des gens. Twitter a une attitude très proactive en la matière, puisque des centaines de milliers de connexions sont supprimées tous les jours. Par ailleurs, la part algorithmique est beaucoup plus faible sur Twitter que sur d'autres plateformes, puisqu'un utilisateur peut choisir de n'avoir accès qu'à son fil d'actualité et ne reçoit que très peu de contenus en dehors de ses abonnements. Cela étant, nous sommes très vigilants vis-à-vis des trending topics, les sujets qui sont les plus discutés à un instant « T ». Nous avons créé une direction qui veille à l'intégrité de la plateforme – site integrity – et qui travaille en permanence à faire évoluer nos systèmes pour qu'ils résistent mieux aux tentatives de manipulation.
Le deuxième axe consiste à valoriser le fact-checking et le contre-discours. Parce que Twitter est une plateforme ouverte et publique, elle est particulièrement propice au contre-discours et à la correction de contre-vérités. Nous travaillons avec des associations comme celle de Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch, qui déconstruit les thèses conspirationnistes – on parle de debunking –, notamment celles à caractère antisémite. Cela passe par un travail de recherche et d'échange, mais aussi par la possibilité qui nous est donnée d'offrir aux fact-checkers de la publicité à titre gracieux. Cela leur permet de toucher des publics qui ne font pas partie de leur cible habituelle. Nous avons des liens privilégiés avec AFP Factuel, dont le compte Twitter fonctionne très bien, mais je pense aussi au service « désintox » de Libération et aux « décodeurs » du Monde.
Enfin, il me semble que la meilleure arme pour lutter contre la manipulation, c'est l'éducation des publics, notamment des seniors, car les études montrent que ce sont eux qui propagent le plus de fausses informations en ligne, notamment en les repartageant. En ce moment se déroule justement la Semaine française et européenne d'éducation aux médias. Twitter, qui est partenaire du Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (CLEMI), a pris un certain nombre d'initiatives dans ce domaine.