Je pense que personne ne s'opposera à ce que nous autorisions la publication de cette note scientifique, qu'il ne sera pas évident à un autre qu'à son auteur de présenter aux médias tant le sujet est compliqué !
Personnellement, j'ai bien noté le problème préoccupant du « siphonnage », à la fois de nature politique et sociétale. D'un côté, la France peut être fière d'avoir des chercheurs au plus haut niveau, et de l'autre, il est évident que l'on met ainsi à la disposition d'un groupe mondial, dont les moyens sont quasi-illimités, des savoir-faire et des compétences qui leur coûtent plutôt moins cher que dans leur pays d'origine – les États-Unis –, alors que les résultats des recherches, les découvertes, les innovations seront appropriés par ces entreprises internationales. En même temps, ne pas avoir ces centres de recherche sur notre territoire aurait pour effet d'empêcher de donner à de jeunes chercheurs français la possibilité de commencer une carrière au meilleur niveau.
En tout cas, si la note présente bien les enjeux scientifiques, elle conduit à se poser la question de ce que pourrait être une stratégie pertinente, une politique scientifique, voire industrielle, pour la France et pour l'Europe, ou à suggérer aux commissions compétentes, sans doute les commissions des affaires économiques des deux assemblées, de se saisir du sujet.
S'agissant du montant des investissements, il faut intégrer le fait que l'accumulation de décennies d'expérience peut permettre de réduire substantiellement les coûts de la recherche. On peut arriver à des résultats comparables en mettant parfois cinq fois moins que les Américains. Ainsi, les dirigeants d'Eurocopter, entreprise européenne, nous avaient expliqué que le coût de développement d'un appareil en France y était inférieur d'un facteur presque 10.
Bien sûr, dans le cadre de la mondialisation de la recherche, la Chine et les États-Unis sont en mesure de « mettre des milliards sur la table ». Mais on peut gérer avec pertinence des moyens moindres, en s'appuyant sur un socle de recherche et peut-être de méthodologies moins onéreuses, mais qui parviennent néanmoins à des résultats solides puisque les prix Nobel sont au rendez-vous…
Je retiens en tout cas de ce sujet que les technologies quantiques ne remplaceront pas les ordinateurs classiques de la même manière que le moteur électrique a remplacé la machine à vapeur, mais qu'elles permettront des avancées importantes et des recherches innovantes. Est-ce qu'il ne nous appartient pas, dans un tel cas, de saisir les commissions permanentes et, plus généralement, notre assemblée respective, de la question de la politique à définir ?