Selon moi, en l'état, la LOM ne répond pas à l'urgence. Elle ne permet pas de se déplacer moins, mieux et autrement pour préserver à la fois le climat et notre santé. Il s'agit, il me semble, d'un passage du droit aux transports, avec sa dimension de planification par l'État et de service public, à un nouveau concept de mobilité fondé sur une offre privée et des débouchés économiques.
Je voudrais aussi évoquer la PPE, qui fixe un objectif de baisse de la consommation d'énergie de 16 % dans le secteur des transports d'ici 2028. En 2017, la France dépassait de 6,7 % son budget carbone et parmi les secteurs qui le dépassent le plus, on retrouve les transports avec +10,6 % par rapport à l'objectif de 2017. Cela dit, et pour pointer le rôle essentiel de votre entreprise dans la transition écologique, je défends une vision globale et planifiée des transports au service de l'intérêt général écologique. Le transport est un droit qu'il faut garantir par une gestion publique. Son accessibilité dépend d'un maillage non focalisé sur les métropoles, mais aussi de tarifs abordables, voire de la gratuité. Ma vision est donc à l'opposé de celle de cette LOM qui consacre l'ouverture à la concurrence et promeut de grands projets inutiles, mortifères pour l'environnement. Pour mentionner le CDG Express, qui sera géré par votre entreprise, ni son tracé ni son coût prohibitif – 24 euros pour un trajet – ne le rendront accessible aux habitants de la Seine-Saint-Denis – le tout pour la modique somme de 1,8 milliard d'euros. Ce budget aurait pu ou aurait dû être investi dans l'amélioration du réseau existant et du quotidien des 900 000 usagers journaliers du RER B. Il me semble qu'avec ce choix, on réitère les erreurs du « tout TGV » en vigueur à la SNCF durant des années et que l'on regrette amèrement aujourd'hui. Il me semble que c'est une erreur stratégique en termes de transports populaires.
Le report du RER B vers ce CDG Express ne sera que de 6 %. Le temps gagné oscillera entre 10 et 30 minutes. À 1,8 milliard d'euros, cela fait cher la minute ! En outre, quid d'une livraison possible après 2024, comme l'a évoqué notre collègue M. Christophe Bouillon avant moi ?
Une fois ce constat posé et mes positions affirmées, j'ai quand même une question à vous poser. Vous évoquez le risque de fragmentation, notamment en ce qui concerne les services de la sécurité. Mais qu'en est-il du risque de fragmentation des lignes attribuées à d'autres opérateurs et des risques de désoptimisation – pour utiliser un mot à la mode – sur deux registres : les résultats financiers et la fréquentation des lignes de transports en commun ?