Madame la ministre, en septembre prochain, le département du Cher et ma circonscription auront l'honneur d'accueillir l'université d'été de la défense, dont le thème est cette année : « Les mutations de la guerre ». Celles-ci sont multiples : durcissement du champ de bataille ; nouveaux espaces de confrontation comme le cyber ; production massive de données. Face à ces mutations, l'intelligence artificielle fournit souvent une partie de la réponse. Combat collaboratif, élément clé de la supériorité informationnelle pour le renseignement, amélioration des taux de disponibilité des flottes avec la maintenance prédictive : l'intelligence artificielle est au coeur des armées de demain.
Toutefois, cette même intelligence artificielle pose bien souvent au moins autant de questions qu'elle n'apporte de réponse. Certaines de ces questions sont d'ordre opérationnel : comment déployer dans des environnements contraints une intelligence artificielle très gourmande en énergie ? Comment la protéger de la manipulation ou du détournement ?
D'autres relèvent de l'éthique, qui est fondamentale. Je me souviens de l'audition du chef d'état-major des armées, qui avait, dans sa définition du métier de militaire, insisté sur cette particularité sans équivalent qu'est la faculté extraordinaire de donner la mort sur ordre. Or, demain, avec l'intelligence artificielle, un cerveau humain sera-t-il toujours derrière cette décision suprême ?
Face à ces questionnements, les garanties à apporter sont à mon sens de deux ordres : d'ordre financier, bien sûr, pour que nous ne soyons pas distancés par nos adversaires et que nous puissions protéger les futurs systèmes – dans l'ampleur de l'investissement se joue déjà beaucoup de la fiabilité des solutions futures ; d'ordre intellectuel, ensuite : nous avons collectivement besoin de moyens intellectuels pour penser la licéité des matériels et, au-delà, les enjeux éthiques.
Aussi, madame la ministre, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale à la fois les moyens financiers et les garde-fous qui seront mis à disposition des armées, pour que le développement de l'intelligence artificielle permette de mieux protéger nos concitoyens, sans pour autant que nous renoncions à protéger les valeurs auxquelles notre pays est attaché ?