Vous savez combien j'aime être franche avec mes interlocuteurs, madame Sage. C'est à l'occasion de ma dernière visite en Polynésie, lors de ma rencontre avec les responsables de l'association 193 – dont le nom évoque le nombre d'essais nucléaires effectués par la France en Polynésie française – que s'est fait jour, chez eux, une inquiétude autour du mot de « contribution ». J'ai senti une question, un doute sur ce mot, dont on craignait qu'il laisse entendre une participation volontaire de la Polynésie aux essais. J'ai tenté de rassurer et de convaincre du bien-fondé du présent texte, notamment à travers les éclairages qu'on en peut donner. C'est ce à quoi nous nous employons aujourd'hui.
Les jeunes Polynésiennes et Polynésiens, disiez-vous, monsieur Brotherson, ont besoin de mieux connaître leur histoire. C'est précisément l'objet de l'institut de mémoire, qui aura la forte responsabilité d'expliquer comment se sont déroulées les choses : c'est ainsi que nous pourrons éclairer les générations futures.
Oui, la sémantique est complexe ; oui, le travail de deux années a abouti à la rédaction que nous proposons ici ; oui, un questionnement à ce sujet est apparu, depuis quelques semaines seulement. C'est pour cela que je me suis employée, dans la présentation du texte – partie la plus solennelle de nos débats, celle que l'on retient souvent le plus – , d'en préciser soigneusement la portée. Je le répète donc ici : « contribution » ne veut pas dire « participation volontaire ». Avis défavorable.