Intervention de Thierry Trouvé

Réunion du mardi 9 avril 2019 à 10h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz :

Tous usages, en effet.

Ainsi, seulement 64 millions sur ces 2,2 milliards ont servi à décarboner le gaz ; le reste est consacré en réalité à des énergies renouvelables électriques, c'est-à-dire à décarboner une énergie qui l'est déjà largement. Ne ferait-on pas mieux d'utiliser cet argent à décarboner le gaz en priorité plutôt que de décarboner une énergie qui l'est déjà largement ?

Il faut avoir en tête que le gaz vert amène avec lui un certain nombre d'externalités. Du point de vue du réseau en particulier, c'est une énergie dont la production est stable : contrairement à l'éolien ou au photovoltaïque, on produit toujours la même quantité toute l'année. Qui plus est, elle est stockable : notre système permet, j'en ai parlé, de stocker le tiers de la consommation annuelle, et donc constituer des stocks pour l'hiver pendant l'été. On ne peut donc pas comparer directement le prix des énergies renouvelables électriques et des énergies gaz sur ce simple critère « énergie ».

Le gaz renouvelable, c'est en France aujourd'hui essentiellement le biométhane, par méthanisation, mais d'autres technologies sont en cours de développement : ainsi la pyrogazéification, qui consiste à chauffer des déchets, des combustibles solides de récupération ou des déchets de bois, pour en extraire le gaz. C'est une technologie intéressante, utilisée dès le XIXe siècle et qui revient aujourd'hui de manière plus moderne. Elle devrait venir épauler la méthanisation. Derrière se profile l'hydrogène ; il existe des scénarios dans lesquels l'hydrogène, qui est une molécule non carbonée, vient se substituer partiellement au méthane.

Une des questions que vous avez posées porte sur le coût d'adaptation des réseaux. Là aussi, nous avons une bonne nouvelle : nos réseaux sont largement dimensionnés. Depuis dix ans, à la demande des pouvoirs publics, européens et nationaux, à la demande des utilisateurs de gaz, nous avons énormément investi dans le réseau de transport pour le renforcer et permettre l'ouverture des marchés. Nous avons investi à peu près 6 milliards d'euros en dix ans : ce grand programme, désormais achevé, aura permis de créer, là où l'on avait des petits marchés morcelés, un marché unique du gaz en France, très interconnecté avec les pays voisins.

Pour ce qui est des coûts de raccordement les installations de biométhane, nous sommes, pour donner un ordre de grandeur, sur un rapport dix en moins : autrement dit, parce que notre réseau est puissant, nous estimons que, pour accueillir 30 térawattheures, soit à peu près l'équivalent de 10 % de la consommation de gaz à l'horizon 2030, conformément au projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), il faut, au niveau du transport, à peu près 600 millions d'euros d'investissement jusqu'en 2030. Divisé par une dizaine d'années, vous voyez donc que ce n'est pas énorme : une soixantaine de millions par an. À comparer à l'année dernière, où nous avons mis en service un ouvrage de 700 millions d'euros, qu'il nous a fallu deux ans pour poser et qui a permis de réaliser cette grande fusion et de créer le marché français. L'ordre de grandeur des dépenses de réseaux qu'il faut consentir pour accueillir la production de biométhane est donc bien inférieur aux sommes que nous venons d'investir depuis dix ans dans le réseau afin de permettre l'ouverture des marchés. Cette question est donc pour nous plutôt secondaire.

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