En ce qui concerne les trois filières de production de gaz renouvelable, vos chiffres reprennent ceux de l'étude prospective de l'ADEME parue l'an dernier et axée sur l'hypothèse d'un gaz d'origine verte à 100 % à l'horizon 2050, produit à partir des trois technologies que vous avez citées : la méthanisation, la pyrogazéification et le power to gas.
La méthanisation consiste à récupérer des déchets – boues de station d'épuration, déchets ménagers ou agricoles, voire cultures intermédiaires à vocation énergétique entre deux cultures à vocation alimentaire – et à les faire fermenter dans un méthaniseur pour produire un méthane qui, après épuration, est exactement le même que le méthane d'origine fossile qui circule aujourd'hui dans le réseau. Il s'agit d'une technologie qui, bien qu'elle soit plus récente que l'éolien ou le photovoltaïque, est plus que mûre, puisque les premiers mètres cubes de gaz issus de ce type de méthanisation ont été introduits dans le réseau il y a maintenant sept ou huit ans.
La seconde technologie, la pyrogazéification, n'est pas encore industrialisée à l'heure actuelle mais demeure, en France ou en Europe, au stade de démonstrateurs ou de pilotes, sur lesquels travaille d'ailleurs GRTgaz. Il s'agit pourtant d'une vieille technologie, puisque c'est celle que l'on utilisait dans les usines à gaz. En effet, avant d'utiliser du gaz naturel extrait du sous-sol, la France utilisait du gaz de ville, c'est-à-dire un gaz manufacturé fabriqué dans des usines à gaz. Ces usines utilisaient des matières carbonées – le charbon, puis le pétrole – que l'on chauffait pour en tirer le gaz envoyé dans les réseaux. Dans le cas du gaz renouvelable, la technologie est la même, mais c'est la matière première qui change : au lieu de matières fossiles, on utilise de la matière renouvelable ou des déchets, notamment les combustibles solides de récupération parmi lesquels les plastiques qui posent de vrais enjeux environnementaux, mais également le bois de récupération, dont on ne sait souvent que faire et que l'on enfouit, ce qui est une aberration écologique. Une fois chauffées, ces matières produisent un gaz qui, comme dans le cas précédent, peut être injecté dans les réseaux.
Dans son étude, l'ADEME, évalue à 30 % la part de gaz produit par pyrogazéification en 2050. Pour l'heure, la pyrogazéification est encore en phase de développement, même si certains syndicats de traitement d'ordures ménagères s'y intéressent de plus en plus et envisagent de mettre en place des installations de ce type dans les années qui viennent.