Intervention de édouard Sauvage

Réunion du mardi 9 avril 2019 à 10h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

édouard Sauvage, directeur général de GRDF :

C'est ce que nous essayons de faire, notamment dans le Bas-Rhin, où Réseaux gaz naturel de Strasbourg (R-GDS) s'efforce de développer le biométhane. Cela renvoie un peu à la question que j'ai évoquée précédemment de l'optimum à trouver entre la proximité du réseau et la taille du projet, qui est aussi celle de l'équilibre à trouver pour concilier acceptabilité et efficacité.

Nous effectuons sur ce point un travail au plus près du terrain, et les équipes GRDF s'efforcent d'accompagner au mieux les porteurs de projets et de les faire bénéficier de la meilleure connaissance possible de la réalité. Tout cela a évidemment vocation à être complété par la transcription réglementaire du droit à l'injection, dont le principe a été voté par le Parlement il y a six mois, et qui va nous obliger à prouver au régulateur que chaque projet constitue bien l'aboutissement de la recherche d'un optimum économique en termes de desserte, ce qui passe par un dialogue avec les porteurs de projets et peut impliquer que deux projets se rapprochent afin de mutualiser leurs moyens, notamment pour ce qui est des réseaux – quand on peut tirer un seul tuyau au lieu de deux, c'est mieux pour tout le monde !

Cette idée de la recherche d'un optimum économique global me permet de faire la transition avec la question posée par M. le président sur la mise en oeuvre concrète du basculement. L'une des difficultés de ce sujet, c'est de déterminer ce que l'on cherche à obtenir avant tout : s'agit-il de procurer un bénéfice à l'État et au contribuable, ou à l'économie en général ? S'il semble assez évident que l'efficacité énergétique profite en priorité au client, qui va consommer moins et récupérer ainsi du pouvoir d'achat – préoccupation majeure en ce moment –, cela va également permettre d'importer moins d'énergie, ce qui est bon pour le solde commercial. Cela dit, une baisse de la consommation de gaz va également se traduire par une perte de recettes fiscales…

Certains arbitrages ont été rendus en faveur des énergies renouvelables électriques en suivant une vision uniquement budgétaire – ces énergies ne coûtent pas beaucoup plus cher que l'électricité produite par d'autres sources – alors que, pour le gaz, on n'a pas pu appliquer le même raisonnement, l'écart à combler par le contribuable étant beaucoup plus important entre, d'une part, un gaz importé coûtant deux fois et demie à trois fois moins cher que l'électricité et, d'autre part, un gaz provenant de sources renouvelables. Le débat est en fait pollué par cette question : faut-il raisonner en termes budgétaires ou en termes macroéconomiques ? Nous estimons pour notre part que la bonne approche consisterait à raisonner en termes macroéconomiques pour, au bout du compte, se demander quel est le coût global en euros par tonne de CO2 évitée, que le résultat soit obtenu au moyen d'un investissement purement privé ou complété par des investissements publics.

Pour vous donner un ordre de grandeur, la PPE prévoit 8 milliards d'euros sur le biométhane et beaucoup plus – bien plus que ne le justifierait le poids du passé, car même les engagements futurs sont très élevés – sur l'électricité. J'ai été frappé par l'écart de 30 milliards d'euros entre les deux scénarios de prix, alors que personne ne peut garantir de manière certaine quels seront les prix de marché de l'électricité dans les années qui viennent ; même si la PPE a essayé de quantifier un prix de marché du solaire et de l'éolien, il subsiste une énorme marge d'erreur en la matière, qui devrait inciter à privilégier une approche macroéconomique globale.

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