C'est dans une optique de long terme qu'il faut évaluer les questions de décarbonation. Ce qui vient d'être dit me paraît partagé.
Comme l'a expliqué Mme Creti, nous sommes sur un marché électrique européen interconnecté. Les énergies renouvelables ne se substituent pas nécessairement au nucléaire, mais elles peuvent aider à substituer des synergies fossiles au-delà de nos frontières. Nous sommes, à mon sens, dans une perspective de décarbonation.
Je reviens à votre question sur la facture des ménages. Les prix de l'énergie sont élevés, mais ce n'est pas le seul facteur qui impacte la facture des ménages. Le consommateur veut bénéficier des services que rend l'énergie. Cela dépend aussi beaucoup de l'efficacité du fournisseur de services selon qu'est concernée sa maison, sa voiture, etc. Dans cette optique, on ne peut pas se limiter aux prix pour évaluer la facture des ménages, il faut aussi s'attacher à la consommation, par exemple, des bâtiments. Le sujet-clé en Europe et pour la France est la rénovation énergétique. Rénover les logements permet de vivre dans un monde où l'on peut supporter des prix de l'énergie plus élevés parce qu'on en consomme moins.
Vous avez indiqué que la taxe carbone est affectée aux énergies renouvelables (Enr). Ce n'était pas le cas jusqu'à récemment. Les EnR étaient financées par une taxe sur l'électricité, la contribution au service public de l'électricité (CSPE), née d'un jeu d'arbitrages. L'État a décidé que les recettes de la taxe carbone seraient destinées aux énergies renouvelables. Dans les faits, les contrats ont été passés avec les exploitants et une large part de la rémunération des producteurs d'énergies renouvelables, hors marché électrique – car ils se rémunèrent aussi par le marché électrique –, est issue des coûts des contrats passés. Si, demain, on décidait de ne plus financer les énergies renouvelables par la taxe carbone, il faudrait trouver une autre ressource pour les financer. Une partie est liée aux futurs développements des EnR, mais elle est relativement modeste en raison de la forte baisse des coûts des énergies renouvelables ces dernières années.