Ce coût serait probablement très différent d'une centrale à l'autre. On ne le dit pas assez, mais l'état des centrales varie grandement de l'une à l'autre. Pour l'heure, l'ASN n'a pas encore publié les critères généraux qui s'appliqueront au grand carénage, mais quand on examinera l'état de chacune des centrales en vue de prolonger leur durée d'exploitation, on s'apercevra que la rénovation de certaines d'entre elles coûtera 500 millions d'euros, contre 1,5 milliard pour d'autres. Il n'y aura donc pas un coût du nucléaire, mais des coûts différents. Il sera économique de prolonger certaines centrales et anti-économique d'en conserver d'autres. Je suis prêt à parier aujourd'hui que c'est l'exploitant qui décidera lui-même d'en arrêter certaines parce qu'il sera confronté à un coût trop élevé du grand carénage. Il faudra remplacer le parc, mais je ne peux pas vous dire à quel rythme ni même exactement comment cela se passera. C'est très au-delà de ma compétence.
Une autre question se pose par rapport aux combustibles fossiles, avec ou sans taxation. La réponse est délicate car, au fur et à mesure de la transition énergétique dans le monde, les coûts des énergies fossiles peuvent baisser. Il y a dix ans, les partisans des EnR affichaient toujours des coûts en décroissance. Ils avaient parfaitement raison, les coûts ont même décru plus vite qu'ils ne l'avaient espéré. Et ils affichaient des coûts croissants du pétrole et des fossiles en raison de la rareté. Mais la rareté est un mirage : plus on s'en rapproche, plus elle s'éloigne. Plus on produit de renouvelables, et plus cette rareté de l'énergie fossile s'éloigne, car les renouvelables abaissent le coût des fossiles. C'est involontairement se tirer une balle dans le pied ! Si l'on ne taxe pas le carbone, je ne peux pas vous dire si les courbes se croiseront, ce qui nous ramène à la question de la taxe carbone.