Intervention de Cédric O

Réunion du mercredi 3 avril 2019 à 17h00
Commission des affaires économiques

Cédric O, secrétaire d'État chargé du numérique :

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je suis très heureux d'être parmi vous, et plus particulièrement d'intervenir pour la première fois en commission dans le cadre de cette audition par la commission des affaires économiques.

J'aurai l'occasion lors d'une prochaine audition de vous exposer les différents sujets liés au portefeuille du numérique. Cependant il me semble important de participer à cette audition, parce que, comme l'a dit M. le ministre chargé de la ville et du logement, s'il faut d'abord établir le réseau fibre ou mobile, quand cet objectif est atteint de nombreux problèmes relatifs au service public demeurent. En effet, les habitants de communes rurales qui ont perdu leur caisse d'allocations familiales (CAF), leur bureau de poste, leur maternité, doivent faire un certain nombre de démarches sur internet et, si le dispositif ne fonctionne pas correctement, ils doivent se déplacer.

Il existe une très forte continuité entre les réseaux et les services, qui doivent fonctionner de manière cohérente, sans quoi la continuité de l'État n'est pas assurée. Comme vous le savez, le Gouvernement a présenté une feuille de route de dématérialisation très ambitieuse : 100 % des démarches doivent être dématérialisées en 2022. Certaines démarches, comme les chèques emploi service universels (CESU) ou le paiement des amendes en lignes, fonctionnent déjà bien, mais ce n'est pas encore le cas général.

Néanmoins, actuellement, 13 millions de Français sont éloignés du numérique. Certains, parce qu'ils sont trop âgés ou trop déconnectés, ne pourront jamais faire ces démarches par internet, tandis que d'autres en seront capables à condition de recevoir une formation. C'est pour eux que M. Mounir Mahjoubi, mon prédécesseur au secrétariat d'État, a annoncé le lancement d'un « pass numérique ». Il s'agit de détecter les personnes qui pourraient avoir des difficultés de connexion. Ainsi, lorsque l'un de nos concitoyens se rend dans une caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) où l'on s'aperçoit qu'il n'est pas capable de faire la démarche en ligne, il faut lui proposer une formation au numérique. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place l'offre d'éducation au numérique, qui est pour l'instant insuffisante. Nous commencerons par une phase expérimentale dans certains territoires, puis nous la mettrons en oeuvre très largement, car l'inclusion numérique est notre priorité. Certaines démarches doivent pouvoir être accomplies par des personnes qui aident celles éloignées du numérique, ce qui est impossible actuellement.

Il faut également organiser les services publics afin de répondre aux personnes qui ne peuvent pas être formées. C'est le travail que mènent Mme la ministre Jacqueline Gourault et M. le ministre Julien Denormandie, afin de mettre en place les maisons de services au public (MSAP) et d'assurer l'organisation des services de l'État sur le territoire.

Les débats suscités par les « gilets jaunes » montrent que le numérique est vécu comme un facteur d'exclusion. Il semble que la numérisation bénéficie seulement aux habitants hyperconnectés des zones urbaines.

La dématérialisation est un facteur de simplicité et doit donc être encouragée, mais nous devons repenser sa mise en oeuvre afin de partir des usagers. Nous sommes probablement allés un peu trop vite. Par exemple, certains sites ne comportent pas un numéro de téléphone qui permettrait d'obtenir un renseignement. L'État doit montrer que la dématérialisation est au service des citoyens.

Si l'économie du numérique et en particulier les start-up sont évidemment très importantes — ce sont elles qui ont créé la moitié des emplois américains —, leur développement ne doit pas se faire au prix de l'abandon des territoires et des usagers.

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