Vous nous avez demandé comment et par qui notre parole pourrait être entendue.
Dans mon parcours, le fait d'avoir été quasi intégralement pris en charge par le service de placement familial spécialisé a permis la mise en place d'un suivi psychologique. J'avais également des rendez-vous avec une psy en dehors du contexte du SPFS. Je dis cela parce que, à un moment donné, j'ai pu m'exprimer avec la psychologue du SPFS. Tous les ans, une synthèse du SPFS récapitule l'évolution de l'enfant ainsi que les demandes et les ressentis. J'ai l'impression que, par moments, cette parole a été entendue dans ce bureau-là, dans le secret. Cette psychologue, qui s'appelle Sonia Évrard, a écouté très attentivement ce que j'ai dit et a retranscrit sans trahir ma confiance mes besoins et mes ambitions.
Qu'est-ce qui a permis de gérer ma colère ? Je ferai un petit flash-back. J'ai été placé la première fois dans une famille de Cocheren en Moselle. La première question que l'on m'a posée, je dis bien la première, a été : « Quelle équipe de football supportes-tu ? » A ce moment-là, je ne suivais pas le football. J'ai choisi une équipe. À partir de ce jour-là, j'avais le pilier de ma vie. Ce qui allait toujours bien se passer, c'était le football. C'était là où j'extériorisais tous mes malheurs. Je ne veux pas m'étendre sur le football, mais expliquer en quoi le football m'a aidé.
On m'a donné une passion, on m'a permis d'aimer quelque chose et d'aimer quelque chose tout au long de ma vie. Je n'ai pas pu dire « je t'aime » à ma mère, je n'ai pas pu le dire à mon père, mais j'ai pu regarder le football et l'aimer tous les jours. Le sport, ou d'autres moyens, permet l'intégration dans un groupe. Le sport permet de s'intégrer quand on fait de la compétition, quand on regarde en groupe un match de foot.