Intervention de Joao Bateka

Réunion du jeudi 11 avril 2019 à 9h10
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Joao Bateka :

Cette question me touche personnellement, parce que l'école a été pour moi le centre de ma stabilité, contrairement, peut-être, à mes camarades.

Je n'avais pas cette rage ou cette douleur qui vivait en moi, parce que j'avais choisi d'être placé, mais j'avais un certain vide lorsque je réussissais ; je n'avais personne avec qui partager. Rentrer de l'école, avoir une bonne note, non, il n'y avait ni maman ou papa avec qui partager ce moment.

Mes professeurs ont appris dès le départ que j'étais placé. J'avais déménagé, j'étais en classe de seconde, je suis arrivé dans une ville, la veille de la rentrée. Je ne connaissais personne dans la ville, et encore moins dans l'école. J'étais dans un foyer qui ressemblait à un château. Quand quelqu'un habitait là-bas, on savait tout de suite qu'il était en foyer. Le bus s'arrêtait devant, et dès lors qu'un enfant descendait du bus scolaire et rentrait dans le château, on savait que c'était un enfant du foyer. Du coup, l'école a été un pilier. Mes professeurs m'ont permis d'abord d'accepter mon histoire et de la porter. Aujourd'hui encore, j'interviens parfois dans le lycée où j'ai été. Je raconte mon parcours.

J'ai la chance que mon prof de philo et ma prof d'espagnol viennent déjeuner chez moi. Cela arrive. Je me suis constitué une famille à travers l'école, et au moment où je bataillais pour ma régularisation, tous les professeurs de mon lycée ont fait une lettre de recommandation. Je tiens à remercier ces personnes pour ce geste.

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