Ma seule envie dans la vie c'était d'aller à l'école. Cela me donnait un pouvoir, celui de réussir et d'arriver à quelque chose. Petite, j'étais très isolée, beaucoup trop. Il n'était pas facile de dire aux professeurs que j'étais en famille d'accueil, qu'il m'était arrivé plein de trucs en foyer.
J'ai très souvent été à l'hôpital. Je n'ai jamais pu vraiment en parler. Quand j'ai eu mes viols, j'ai dû expliquer, j'ai dû faire plein de choses et cela a été plus que traumatisant de réexpliquer la chose, de rouvrir une plaie dont je veux qu'elle se ferme, et bien profondément.
Je pense que beaucoup de gens ont du mal à s'exprimer auprès de leurs professeurs, médicalement. Il est compliqué de devoir tout réexpliquer. J'ai rencontré des tas de psychologues. Ça a été l'enfer, à chaque fois le même truc, à chaque fois il fallait expliquer. L'objectif de la psychologie, c'était de crever l'abcès sur les viols ou sur le foyer. De base, il ne faut pas ressasser le passé, même si quelquefois il faut en reparler. Mais le faire alors que l'on est petit, que l'on ne veut pas être bousculé, je trouve cela un peu dégueulasse de leur part.