Intervention de Dylan Legrand

Réunion du jeudi 11 avril 2019 à 9h10
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Dylan Legrand :

Je me suis retrouvé en foyer parce que je n'y suis pas allé de moi-même ! Mon père me battait. On peut se poser la question de ma mère. Elle est partie quand j'avais trois ans. Si jamais je veux m'amuser à aller voir ma mère, il faut que j'aille près de la cathédrale quand elle mendie. Elle est dans un sale état.

J'ai trois frères et plusieurs soeurs. Mon plus grand frère, mon demi-frère, a 38 ans. Je ne l'ai vraiment rencontré qu'à mes dix ans. Je ne peux pas vraiment dire qu'il y a un lien et quand on se parle, cela me fait bizarre de penser que c'est mon frère. Je pense qu'il aurait pu m'aider, mais cela aurait été trop compliqué pour moi.

Mon deuxième frère, âgé de vingt-trois ans, a un handicap mental suite à un accident. Même s'il était dans l'impossibilité de me prendre, il y a eu un problème, quand j'étais petit, il a eu des histoires d'attouchement dans son institut médico-éducatif. Aller au tribunal de grande instance quand on a huit ans, avec des gendarmes partout… Le cadre a fait que je savais qu'il s'était passé quelque chose de bizarre et qu'il avait essayé de faire des attouchements sur moi. Le lien s'est brisé.

Je sais que j'ai un demi-petit frère mais je ne l'ai jamais vu.

J'ai des soeurs. Il y en a une qui a essayé de prendre contact avec moi alors que j'avais dix-neuf ans. Elle m'envoie des messages sur Messenger me disant : « Oui je suis ta soeur, je t'aime. » Je ne peux pas t'aimer, je ne te connais pas ! Ce n'est pas parce qu'on est de la même famille que ça crée forcément des liens.

Pour reprendre Victor Hugo, je me dis que je me suis un peu fait une famille avec ceux qui n'en ont pas. J'ai impression d'être une sorte de Gavroche, d'être un peu un sans famille sauf avec ceux qui en ont besoin ou de chercher là où il y aurait une famille potentielle mais ce ne sont pas des liens du sang.

Le premier « je t'aime » que j'ai reçu, j'avais seize, dix-sept ans, et c'était en faisant de l'animation chez des scouts laïques où je m'étais retrouvé par hasard. Là, cela faisait vraiment mal. Je ne sais pas si cela faisait du bien ou du mal. Quand j'étais petit et qu'on prenait des repas avec mon père et mon frère, des fois, je me disais : « Mais qu'est-ce que je fais avec cette bande de cons ? » Avec le temps, j'ai un peu pris du recul et je leur pardonne un peu. Maintenant, je suis un peu devenu le père de mon père. Je m'occupe vraiment de lui. Ce n'est pas vraiment normal et je n'arrive pas vraiment à avoir de liens. C'est très spécial, indescriptible.

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