L'autre jour, le patron d'une PME de mon territoire, une entreprise qu'il peine à financer en trésorerie – ce n'est pas une start-up ! – alors qu'elle fonctionne bien, rouspétait très fort contre la suppression de l'ISF sans obligation de contrepartie dans l'économie réelle.
Quand une entreprise industrielle se casse la figure, souvent c'est qu'elle n'a pas de stratégie. Vous non plus, vous n'avez pas de stratégie.
Pas de stratégie pour investir massivement dans la formation au plus près des territoires, avec un maillage fin par bassin d'emplois – je dis bien « massivement », je ne parle pas des 500 euros homéopathiques du plan Pénicaud.
Pas de stratégie pour réorienter le CICE – crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – vers l'économie réelle alors que c'est ce qu'attendent les PME-PMI qui irriguent nos territoires et constituent le meilleur rempart au phénomène de métropolisation.
Pas de stratégie pour mettre un coup d'arrêt à la destruction de valeur que les grands groupes, attachés à la loi de la profitabilité immédiate et maximale, opèrent en essorant leurs sous-traitants. Dans l'ordre économique que vous défendez, le ruissellement est à l'envers : les petites boîtes, tels des ruisseaux, font les grandes rivières des donneurs d'ordre, des grandes entreprises qui, elles, accaparent la valeur. Que vous le vouliez ou non, il en est de la richesse comme de l'eau, qui ne coule pas de la Manche ou de l'estuaire de la Seine vers ses affluents.
Pas de stratégie non plus pour faciliter le financement des projets industriels des PME, là où il faudrait multiplier par 100 la mise de l'État et des régions. Il ne faut pas se contenter d'accompagner l'économie virtuelle des start-ups et le tertiaire à la mode mais intégrer dans les critères de décision la question de l'aménagement du territoire en matière industrielle, question qui devrait guider les choix du Gouvernement, madame la secrétaire d'État.