Je me réjouis qu'un sujet aussi crucial que celui de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes soit abordé ce soir. Mais, en même temps, comment ne pas regretter l'horaire choisi – il est vingt-trois heures quarante-cinq – , qui démontre une fois encore le peu d'intérêt que la société porte à cette question ? J'y vois aussi une étrange consonance avec l'adoption de la loi du 3 août 2018, par un vote simple, en pleine nuit, dans un hémicycle désert.
Alors qu'elle aurait dû faire consensus, tant la cause était partagée, cette loi a paru insatisfaisante, éloignée des enjeux. Elle a déçu. Elle a engendré un sentiment de frustration très largement partagé sur les bancs de cet hémicycle, y compris au sein de la majorité. Ce fut également le sentiment quasi unanime des associations et des ONG, qui nourrissaient une forte attente. J'ai voté en faveur de ce texte parce qu'il était porteur d'une amélioration, l'allongement de dix ans du délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs – un si petit pas pour une cause qui aurait nécessité tellement plus d'ambitions. Nous attendions une loi qui aurait protégé les victimes, pas les auteurs.
Par exemple, beaucoup d'entre nous appelaient à la création d'une infraction spécifique, afin que tout acte sexuel commis par un adulte sur un enfant soit constitutif d'un viol, sans avoir à prouver une quelconque absence de consentement.