Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2019 à 21h30
Questions sur la mise en oeuvre de la loi du 3 aout 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Il y a un an, la loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes nous était présentée comme un outil majeur. Ce texte était en effet attendu et nécessaire pour agir véritablement avant qu'il ne soit trop tard. Mais le 5 mars dernier, en Haute-Corse, Julie Douib, une jeune maman, a été tuée par son ex-conjoint. Ce meurtre était le trentième féminicide depuis le début de l'année. Cette mort inacceptable nous oblige à nous poser la question de l'efficacité des dispositifs qui existent pour éviter de tels drames.

Nous le savons tous : la première étape, celle de l'accueil et de la prise en charge des victimes, est essentielle. Ce n'est pas facile de pousser la porte d'un commissariat ou d'une gendarmerie pour dénoncer de telles violences. Raconter cela à une personne que l'on ne connaît pas, c'est comme une seconde phase de violence, une violence faite à soi-même pour mettre de côté la peur, la honte, pour taire l'espace de quelques instants la souffrance afin de tout relater clairement, presque froidement, parce que les circonstances l'exigent, pour espérer être compris.

Nombreux sont les témoignages qui font état, par exemple, du refus d'un agent de prendre une plainte au motif que le viol conjugal n'existerait pas, ou d'un autre qui explique à une femme qui vient d'être violée que ce n'est pas un viol parce qu'elle ne démontre pas son absence de consentement, alors qu'elle était tétanisée, incapable de réagir.

L'accueil des victimes de violences sexuelles ou sexistes dans les commissariats et les gendarmeries est un enjeu majeur. Certes, les forces de l'ordre travaillent sur ce sujet, mais elles sont souvent démunies et il y a encore à faire pour former et professionnaliser des référents dans chaque territoire.

Si la parole des victimes de violences physiques ou sexuelles se libère depuis plusieurs années, les plaintes sont rares et les mains courantes également. L'une des causes de cette situation, ce sont les dysfonctionnements qui perdurent dans l'accueil et la prise en charge des victimes. C'est pourquoi le groupe Libertés et territoires souhaite que vous nous indiquiez si, depuis la promulgation de cette loi, le parcours des victimes de violences sexuelles ou sexistes est, dans la réalité, plus humain et plus facile.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.