À l'heure où notre pays traverse l'une des plus importantes crises politiques et sociales de son histoire, nous sommes réunis ici pour débattre du contenu d'un programme qui ne comporte de stabilité que le nom. Ce document de programmation pluriannuelle des finances publiques est en réalité la première étape de la dépossession de la souveraineté budgétaire de la France par les institutions de l'Union européenne. Vous nous répondrez, mesdames et messieurs de la majorité, qu'il nous faut assainir les finances publiques de notre pays et respecter les fameux 3 %, sacro-sainte doctrine européiste, qui a bien souvent été à l'origine des politiques d'austérité très dures qui ont été imposées à des millions d'Européens.
Si nous pouvons partager la nécessité de diminuer la dette que les gouvernements successifs de droite et de gauche ont creusée et continuent de faire peser sur la tête des générations actuelles et à venir, nous ne pouvons accepter que cela se fasse par des politiques fiscales et sociales injustes, surtout pour nos compatriotes les plus modestes. Je pense ici, bien évidemment, à la hausse de la CSG pour les retraités, à la fiscalité sur les carburants, à la désindexation des retraites sur l'inflation : les exemples sont hélas nombreux. Le déficit public de la France atteindrait en 2019 près de 3,1 %, alors que le Président de la République promettait de le ramener à 0,3 % en 2022. De toute évidence, cette trajectoire ne sera pas tenable, de l'aveu même des ministres de l'économie et des comptes publics.