Mme Saragosse a évoqué les différentes langues dans lesquelles elle aspire à diffuser. Je tiens à signaler qu'il existe un outil extrêmement intéressant en Australie : le Special Broadcasting Service (SBS), qui est diffusé en 65 langues mais n'a pas vocation à franchir les frontières du pays, est notamment destiné à lutter contre les dérives communautaires. Il y a notamment deux plages horaires qui sont consacrées chaque semaine au français.
J'aimerais alerter nos collègues sur la condition des journalistes pigistes français dans le monde. Ils travaillent parfois dans des conditions très difficiles – dans certains cas, ils n'ont pas de visa les autorisant à travailler dans les pays où ils font leurs reportages. L'une des journalistes de Radio France en Nouvelle-Zélande est en fait basée à Singapour. Je pense que tout se déroule à peu près bien pour elle, mais ce ne sont pas toujours des conditions très faciles.
Je vois bien que vous avez fait trois exposés séparés, et je me pose des questions sur ce que doit être notre audiovisuel extérieur. Il me semble qu'il y va de l'influence française dans le monde, à laquelle je suis évidemment très sensible, et des valeurs que l'on peut porter, ce que l'on peut représenter. S'adresse-t-on à un public français, francophone ou étranger, qui est intéressé par la France ou par un filtre français ? Par ailleurs, plusieurs acteurs sont concernés : le Quai d'Orsay, le ministère de la culture, vous-mêmes, qui dirigez ces médias, et le personnel des chaînes. En dehors de vous trois, il y a aussi un certain nombre d'acteurs privés : TF1 et M6 sont très regardées en Afrique, le Net y contribuant pour beaucoup. À cela s'ajoute l'AFP, qui est un sacré véhicule pour l'information à la française.
Mme Saragosse a souligné qu'il existe une concurrence importante. La BBC a annoncé des chiffres en progression de 14 % pour l'Afrique en un an, ce qui est assez important.
La question est celle du public cible, je l'ai dit. Vous avez évoqué la jeunesse. Mais quelles priorités géographiques et linguistiques peut-on avoir ? Qu'en est-il des stratégies par canaux, par langues et par pays ?
J'aimerais également savoir quels sont les outils de pilotage qui vous permettraient de vous coordonner afin que l'on ait une vraie stratégie pour une France forte. Si j'en crois l'audition de M. Gourdault-Montagne au Sénat, le 20 février dernier, il ne me semble pas du tout que le budget de France Médias Monde ait à pâlir devant celui de la BBC World – mais les chiffres cités étaient peut-être erronés…