Les hôtels offrent des bouquets de chaînes préformatés, mais nous sommes tout de même présents dans 2,5 millions de chambres. Cela dit, changez d'hôtel si vos réclamations ne sont pas suivies d'effet ! Eh oui, vous pouvez être pour nous des relais marketing !
Comment lutter contre les fake news, que j'appellerai de préférence des « infox » (le terme français officiel). Le premier outil, c'est l'éducation. En ce moment, c'est la semaine des médias à l'école. Partout, dans les lycées français, on va expliquer aux élèves la différence entre l'information, la manipulation, le mensonge, la propagande etc. Qu'est-ce qu'une information vérifiée ? Voilà un sujet qu'il faut inclure dans la réflexion de l'éducation nationale dès le plus jeune âge. Notre émission Info ou Intox ? a été primé par l'UNESCO, au titre de l'éducation aux médias. Je crois qu'il faut commencer dès la classe de CE1, comme je pense que le ministre de l'éducation nationale en est conscient.
Deuxièmement, pour lutter contre les fausses informations, il s'agit de s'organiser le plus possible en réseau. Ainsi, à la veille des élections européennes, nous allons en mettre un en place au niveau européen, avec Le Monde et Libération. Nous nous efforçons de faire de même avec beaucoup de médias étrangers, tels que Deutsche Welle et BBC World. C'est aussi ce qu'on fait avec le secteur public français, grâce à un onglet commun sur le site de France Info. Ainsi, nous avons mutualisé tous nos outils de lutte, regroupés sous une rubrique « Vrai ou fake ? ».
Troisièmement, la répression peut aussi marcher. L'incitation à la haine n'est pas passible de poursuites seulement en période électorale. Je pense que le Gouvernement a engagé une réflexion sur ce point, qui va au-delà de la taxation des « GAFA ».
Vous m'interrogez sur un « BBC à la française ». Mais la capacité de communication fantastique des Britanniques, qui ont regroupé tous leurs médias sous le label BBC, ne doit pas nous faire croire que leur organisation est plus cohérente que la nôtre. De ce point de vue, la marque a une importance redoutable. Car, en réalité, lorsque je regarde comment fonctionnent BBC World Service et la BBC « tout court », je constate que leur coopération ressemble comme deux gouttes d'eau à celle que nous entretenons avec France Info : la nuit, c'est France 24 qui couvre les événements internationaux, comme c'est France 24 qui fournit les journaux du monde. Telle est exactement la manière dont BBC News et BBC World News coopèrent. France 24 a de même accès à tous les contenus de France Télévisions en matière d'information.
Ainsi, il ne faut pas céder à une illusion d'optique : même si nos canaux d'information portent des noms différents, la BBC, fusionnée ou non, coûte beaucoup plus avec ses 6,7 milliards d'euros de budget que les sommes consacrées en France au budget de l'audiovisuel public. Je vous mets donc en garde : on a toujours tendance à trouver l'herbe plus verte ailleurs ! On peut aussi regarder du côté des Allemands, qui proposent en parallèle ARD, ZDF et Deutsche Welle.
J'en viens à la question de la réforme, soulevée par la présidente Marielle de Sarnez. J'abonde dans le sens d'Yves Bigot, pour demander surtout de la stabilité. Nous avons été fusionnés en 2012 ; pour mener à bien cette énorme réforme, on a déménagé des personnels, on a conclu un accord d'entreprise, on a appris aux gens à travailler ensemble entre la radio et la télé –en plusieurs langues : cela n'existe pas ailleurs en France à cette échelle.
Le résultat est là : nous avons des audiences en croissance, 26 millions d'auditeurstéléspectateurs internautes internationaux de plus cette année. Partant, est-ce qu'on pourrait bénéficier d'une visibilité et d'une stabilité qui nous mettent au moins à égalité, de ce point de vue, avec nos principaux concurrents ? Car nous aimerions beaucoup pouvoir nous consacrer entièrement à notre coeur de mission.
M. Quentin posait une question sur les jeunes. Nous les touchons forcément dans les zones où nous sommes où la population est jeune, mais aussi grâce à notre forte présence sur les réseaux sociaux : sur Facebook et Twitter, on a 64 millions d'abonnés ; sur YouTube, on est la première chaîne française, avec un million d'abonnés en français et un million d'abonnés en arabe et presque un million en anglais. En français, nous sommes déjà la première chaîne. Or les gens qui sont sur ces réseaux constituent un public beaucoup plus jeune que la moyenne du public des chaînes nationales. En outre, en Afrique, il y a 60 % de la population qui a moins de 25 ans ; nous touchons 60 % des Africains de 15 ans et plus. Nous avons donc forcément une audience jeune.
J'en viens à l'OIF et au sujet de la langue française. Nous avons lancé la semaine de la langue française et de la francophonie hier matin, à France Médias Monde, en présence du ministre de la culture. Elle s'ouvre avec un concours « Stop aux infox ! », mot qui été lancé par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Ce concours s'adresse aux jeunes publicitaires de toute la francophonie, qui doivent inventer une campagne. Ils ont travaillé hier jusqu'à 23 heures. Nous irons demain avec Yves Bigot remettre les prix dans les locaux de France Télévisions. Entre-temps, nous aurons passé toute une journée à l'Organisation internationale de la francophonie, grâce à une délocalisation de RFI. Comme vous le voyez, c'est vraiment la fête de la francophonie.
Nous avons conclu un accord-cadre avec l'OIF, qui concerne notamment les jeunes talents. Je me rendrai encore aujourd'hui à l'Agence universitaire de la francophonie, pour y remettre le prix des jeunes écritures francophones. J'ai participé, à Tunis, à la réunion préparatoire au sommet de la francophonie en 2020. J'y ai senti un élan extraordinaire. Mais il y a besoin d'outils, parce que la population croît plus vite que le système éducatif. Tel est l'enjeu.
Quant aux langues étrangères, elles ne sont pas un ennemi du français. C'est tout le contraire. Car, même quand on parle anglais, on parle aussi français, sur nos antennes. Quand on parle arabe, on parle français aussi… En parlant de la francophonie, nous sensibilisons en effet à cet espace commun que les gens apprennent à découvrir. C'est pourquoi nous proposons des interfaces d'apprentissage du français en vingt langues, y compris dans les langues africaines, pour y amener d'autant plus de gens. Il y a, de ce point de vue, un vrai enjeu éducatif en Afrique.
Si on veut que l'Afrique soit francophone, il faut chérir les langues africaines. Le français ne se sent jamais aussi bien que lorsqu'il se frotte à d'autres langues. La preuve en est que la France est le seul pays où on ne parle que français. Tous les autres pays de la francophonie vivent en plusieurs langues. Et le français s'en nourrit ! Car c'est une langue très vivante. Il ne faut pas avoir peur du pluralisme linguistique. Au contraire, il nous renforce. C'est bien le français qui est deuxième langue d'usage sur les cinq continents ; ce n'est pas le chinois.
S'agissant de l'Afrique, nos radios jouent un rôle clé dans la bande sahélienne avec RFI qui émet en mandingue et bientôt en peul. Elles portent notamment les valeurs humanistes, à commencer par l'égalité entre les femmes et les hommes qui sont au coeur de notre ligne éditoriale. Et dans une entreprise comme la nôtre, les aspects éditoriaux sont cohérents et donc étroitement liés à une politique de gestion des ressources humaines très attentive à ces questions. Ainsi, le nouvel index sur l'égalité femmeshommes, qui concerne bien nos entreprises également, attribue à France Médias Monde la note quasi maximale de 99100.
Voilà, je crois que j'ai tout dit.