En le déposant, je craignais que cet amendement ne soit trop audacieux, mais je me réjouis d'avoir été dépassé par le Président de la République. Il propose en effet une réforme de l'accès aux grands corps : Conseil d'État, Cour des comptes, Inspection générale des finances (IGF). Celui-ci se ferait après cinq années de service public dans d'autres administrations et non plus directement à la sortie de l'ENA. Nous constatons en effet que le service de l'État, mission noble qui devrait suffire à motiver des jeunes élèves sortant de cette école nationale d'administration, ne suffit plus à leur bonheur, et qu'une fois la palme décrochée, ils s'empressent d'avoir une autre ambition et de quitter ces grands corps au plus vite.
Cela n'est pas plus satisfaisant dans le principe que sur le plan fonctionnel. Lors des auditions réalisées avec Fabien Matras, Mme Marie-Christine Lepetit, cheffe du service de l'Inspection générale des finances, a indiqué que 30 % des membres de l'IGF partaient pantoufler, parfois alors qu'ils étaient très jeunes. À tel point que ce service est aujourd'hui contraint à embaucher des stagiaires de Sciences Po pour rédiger des rapports ! C'est pour le moins consternant.
Avec cet amendement, les candidats devront faire preuve de leur attachement à l'administration avant de pouvoir postuler aux plus nobles services de l'État.